Coup de Coeur avec l’Artiste Sénégalais Alioune Badara Camara

Artiste aux multiples facettes ayant exposé de Londres à Dakar en passant par Paris, et Bruxelles… Alioune Badara Camara nous livre une vision poétique et merveilleuse de notre monde entre palette aux couleurs acidulées, sciences et nature.

Coup de Cœur.

Portrait d’Alioune Badara Camara

Asakan: Pour commencer notre entretien, pouvez –vous vous présenter ?

Alioune Badara Camara: Je suis un artiste contemporain africain polyvalent dont le travail transcende les frontières de l’art, des sciences, de l’ingénierie et de l’environnement.

Mes œuvres, souvent inspirées par le cosmos, la galaxie, mes voyages, et expériences à travers le monde invite le spectateur à une réflexion profonde sur les interconnexions entre l’environnement, la culture, et la technologie.


Asakan: Quelle définition faites-vous de l’art? Comment percevez-vous l’art contemporain ?

Alioune Badara Camara: L’art, pour moi, est une forme de dialogue, une voix qui s’élève lorsque les mots échouent pour exprimer nos émotions les plus profondes. C’est un moyen par lequel l’individu et la collectivité peuvent s’interroger, se défier, se célébrer et surtout être ingénieux.

L’art contemporain est le reflet d’une époque en constante évolution. Il est audacieux, souvent dérangeant, et engage à une introspection collective. Il remet en question les normes établies et embrasse une multitude de perspectives, permettant ainsi aux artistes de s’exprimer sans aucune limite, ni frontière.


Asakan: Quand avez-vous su que vous consacriez votre vie à l’art ?

Alioune Badara Camara: Il est fascinant de constater que la vocation artistique ne se cristallise souvent qu’après un long cheminement, un parcours jalonné d’influences, de découvertes et de passion. Pour ma part, bien que je ne sois pas encore certain de consacrer ma vie entière à l’art, je perçois l’art comme une force qui façonne inéluctablement mon existence.

Dès mon plus jeune âge, j’ai ressenti cette attirance irrésistible pour l’expression graphique. Mes premières années de collège sont empreintes de souvenirs où, au lieu de suivre les cours avec l’attention requise, je voyais les mots du professeur se transformer en aquarelles et en silhouettes de bandes dessinées sur le coin de mes cahiers. Le dessin ne m’était pas seulement une matière scolaire, mais bien un moyen d’évasion, où mon imagination prenait forme et où les personnages que je créais prenaient vie. Hélas, cette passion semblait souvent être minimisée par le système éducatif, reléguée à une case de coefficient trop faible, ce qui ne faisait qu’intensifier mon désir de revendiquer l’art comme une discipline à part entière.

L’influence de ma famille a également façonné ma perception de l’art. Mon oncle, Campbell Sakho, artiste reconnu, a laissé une empreinte indélébile sur moi. Ses œuvres, exposées dans notre foyer, semblaient chuchoter des récits, évoquer des émotions et des histoires au-delà des simples coups de pinceau. Je n’ai pu m’empêcher d’admirer la manière dont il transcrivait son monde intérieur sur la toile, m’incitant à voir la beauté dans chaque nuance, chaque ligne.

De plus, la présence d’un homonyme, artiste tapissier et l’un des premiers directeurs de la Manufacture Sénégalaise des Arts Décoratifs de Thiès, ajoutait une dimension supplémentaire à mon admiration pour l’univers artistique. Son parcours et son dévouement à l’artisanat ont renforcé ma conviction que l’art, qu’il soit pictural ou décoratif, est un moyen de transmettre une culture, des valeurs et une identité.

Ma tante, Ndiemé Camara, n’a pas été en reste dans cette quête d’inspiration. Les œuvres abstraites qu’elle a créées, trouvées accrochées aux murs de notre maison d’enfance, étaient des témoins silencieux de l’héritage artistique familial. Elles racontaient des histoires qui résonnaient en moi et éveillaient un désir créatif insatiable.

Ainsi, même si je n’ai pas encore décidé de me dédier entièrement à l’art, je sais aujourd’hui que mon existence est indissolublement liée à cette discipline. Mon parcours, enrichi par les influences de ma famille et nourri par une passion intrinsèque, semble tracer un chemin qui me pousse à explorer davantage cet univers fascinant. Peut-être que le moment viendra où je pourrai dire que j’ai totalement embrassé l’art, mais pour l’heure, je le laisse guider mes pas, conscient qu’en fin de compte, c’est l’art qui honorera ma vie.


Asakan: En tant qu’artiste, comment décririez-vous votre art ? Comment êtes-vous parvenu à la finalisation de votre empreinte ?

Alioune Badara Camara: Je perçois mon œuvre comme une synthèse riche et complexe entre l’expressionnisme et un dialogue ouvert avec les racines culturelles africaines.

Je dessine usant de feutres, et je peins par le biais de l’action painting, une technique qui permet à mes émotions et mes inspirations de s’exprimer librement sur la toile. Mon approche picturale explore diverses techniques pour créer des œuvres saisissantes. Sur des toiles acryliques, je superpose des couleurs vibrantes, ajoutant des touches de brillance qui évoquent des paysages galactiques éthérés. Les supports en Canvas, en bois ou en aluminium offrent une base pour mes œuvres brillantes, où les reflets et les textures créent des effets captivants. Parallèlement, sur du papier noir et/ou blanc, je m’engage dans le dessin intuitif, en utilisant des techniques de doodle et de zentangle inspirées des motifs africains. Ces dessins complexes révèlent des formes et des couleurs fascinantes, invitant le spectateur à se plonger dans un monde kaléidoscopique. Chaque technique converge pour créer des œuvres d’art uniques et évocatrices qui défient les conventions picturales traditionnelles.

Chaque tableau que je crée devient ainsi une exploration dynamique de la beauté et du mystère de la galaxie, un motif récurrent qui évoque l’infini, le rêve et l’interconnexion entre l’univers et notre existence terrestre.

Au-delà de l’usage gestuel de la matière, je me tourne également vers le doodle africain, une approche que j’ai développée pour ancrer mon travail dans un contexte culturel riche tout en jouant avec les formes et les symboles.

Utilisant des feutres sur du papier noir et blanc, je mets en avant des motifs qui résonnent avec l’héritage artistique africain tout en intégrant des couleurs chaudes, en particulier l’or, qui symbolise la richesse, la renaissance et la transcendance. Cette diversité chromatique renforce la profondeur de mes œuvres, créant un contraste visuel et émotionnel qui invite le spectateur à une réflexion sur l’identité, la mémoire et l’appartenance.

Aboutir à ce résultat a été un cheminement complexe, façonné tout à la fois par mes expériences personnelles, mes recherches sur l’histoire de l’art, particulièrement africaine et ma volonté d’avoir une écriture unique. Mais c’est un processus en constante évolution, car chaque œuvre me rapproche un peu plus de ma vision, tout en m’exposant à de nouvelles influences et perspectives.

Je suis convaincu que mon art ne se limite pas seulement à représenter une esthétique, et vise également à engager un dialogue critique sur la condition humaine et notre place dans l’univers, un pont entre le passé et le futur, un espace où se rencontrent tradition et innovation permettant d’enrichir le paysage artistique contemporain et de nourrir un dialogue interculturel essentiel.


Alioune Badara Camar, Symphonie en mouvement, 2011. Acrylique
et collage (bois, tissus, filets et miroirs) sur toile
Alioune Badara Camara, Constellation N°8, 2022. Acrylique et brilliant sur toile
Alioune Badara Camara, Soleil en ablation: de l’illumination à l’explosion, 2024.
Acrylique et brillant sur bois.

Asakan: Quelles sont vos inspirations artistiques, vos influences? Les thèmes et émotions que vous essayez de transcrire dans vos œuvres ?

Alioune Badara Camara: Mon travail artistique s’inscrit dans une quête profonde d’expression où se mêlent diverses influences, telles que l’art d’action et l’expressionnisme. En puisant également dans les éléments fascinants de la nature, des plantes et des mystères du cosmos, je cherche à capturer la complexité des émotions humaines et les interactions sociales qui tissent notre existence.

Les thèmes récurrents de mon œuvre — la lutte intérieure, la beauté intrinsèque de la vie, le passage inexorable du temps, et la quête perpétuelle de formes et de sens — reflètent une introspection personnelle que j’espère universelle.

Les émotions que je m’efforce de transmettre, imprégnées de cette chaleur africaine, de joie et de tranquillité, se traduisent à travers un langage visuel vibrant, où les couleurs éclatantes et les formes dynamiques dialoguent pour évoquer un sentiment d’énergie et d’optimisme. Ainsi, mes créations se font l’écho d’une célébration de l’existence, livrant un récit qui invite l’observateur à explorer son propre intérieur tout en se connectant à la beauté partagée de notre réalité collective.


Alioune Badara Camara, L’Eveil de l’âme : Danse des spheres et Echos de l’invisible, 2024.
Feuille sur papier avec la technique de zetangle
Alioune Badara Camara, Les lettres au beau prince, 2024.
Feutre sur du papier Canson
Alioune Badara Camara, L’Harmonie d’un Couple, 2024.
Feutre sur papier Canson

Asakan: Quel est le regard porté sur votre travail par le public ? Par le milieu artistique ?

Alioune Badara Camara: Mon travail artistique suscite un intérêt croissant, tant auprès du grand public que des professionnels du milieu. Les retours des admirateurs, fidèles depuis plus d’une décennie, témoignent d’une connexion authentique entre mon art et leurs émotions, un lien qui se renforce à travers les réseaux sociaux où les échanges se multiplient. En y partageant mes peintures, j’inspire non seulement des passionnés d’art, mais j’attire également l’attention de collectionneurs avertis et d’artistes renommés, dont l’appréciation enrichit ma démarche créative. Ce soutien inestimable se concrétise par de nombreuses invitations à participer à des projets innovants, notamment dans le domaine des NFT, un univers où l’art et la technologie s’entrelacent, offrant de nouvelles perspectives d’expression.


Asakan: Quels conseils aimeriez-vous transmettre à d’autres jeunes désireux de se lancer dans l’art ?

Alioune Badara Camara: Un message d’espoir et de détermination. Le chemin de l’art est souvent parsemé d’embûches et d’incertitudes, et il est essentiel d’embrasser cette réalité avec une patience inébranlable, car il faut parfois plusieurs années de dévouement pour voir ses efforts reconnus par ses pairs.

Cultivez votre passion avec endurance et curiosité. Ne vous privez pas des rencontres car chaque rencontre et chaque expérience tissent la toile de votre identité artistique unique. Osez innover, remettre en question les normes établies, et faites entendre votre voix dans le vaste dialogue artistique mondial. Que votre créativité soit une source de lumière et d’inspiration pour ceux qui vous suivront.

Pour plus d’informations sur le travail d’Alioune Badara Camara, vous pouvez vous rendre également sur ses comptes :

La Rédaction.

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