Enfant de Diender comme son mentor feu Douts Ndoye, Abib Samb est un jeune artiste sénégalais qui cherche, recherche l’Homme dans ce qu’il nomme « anatomie artistique », une étude des mouvements du corps qui lui indique de figer des personnages dans des postures singulières qu’il obtient par soustraction des objets de métier.
Coup de Cœur.
Asakan : Pour commencer notre entretien, pouvez –vous vous présenter ?
Abib Samb : Je m’appelle Abib Samb, jeune artiste peintre sénégalais né à Diender, village situé dans la région de Thiès, en 1998. J’ai fait mes études élémentaires et secondaires à Diender. Après l’obtention du BEFEM en 2013, j’ai continué mes études au lycée de Bayakh, non loin de Diender par des raisons de santé. C’est aussi dans cet établissement que j’ai arrêté mes études en classe de second en 2014.
En 2016, j’ai réussi au concours d’entrée à l’Ecole Nationale des Arts de Dakar. En 2020, j’ai eu mon diplôme de l’école des arts dans la filière des artiste plasticiens expressionnistes au département des arts plastiques (DAP).
Asakan : Quelle définition faites-vous de l’art ? Comment percevez-vous l’art contemporain ?
Abib Samb : L’art, c’est le savoir-faire, la réalisation d’une tache ou la confection d’un ouvrage qui procède du génie créatif.
Ma perception sur l’art contemporain est qu’il élimine toute contrainte et est l’expression libre du ressenti de l’artiste par le langage des formes.
Asakan : Quand avez-vous su que vous consacriez votre vie à l’art ?
Abib Samb : Quand j’étais enfant, j’aimais m’exprimer en faisant des jouets véhicules en carton ou fil de fer et entre autres. Quand la vie m’a mis à l’épreuve, j’ai décidé de revenir à cette passion et depuis 2016, je suis pleinement artiste plasticien.
Asakan : En tant qu’artiste, comment décririez-vous votre art ? Comment êtes-vous parvenu à la finalisation de votre empreinte ?
Abib Samb : Je fais la conversation entre l’homme et lui-même, entre l’homme et la nature à partir de mes rencontres, des pensées, des souvenirs, des perceptions. On retrouve surtout des personnages étranges avec les yeux en cadran de montre. Au-delà du clin d’œil à l’histoire de l’art sur le ready-made, j’ai détourné la montre initialement fabriqué pour indiquer l’heure. L’application de la technique de la trame m’a poussé à créer une identité picturale, d’où la progression sur les traits verticaux.
Cette démarche de peindre un œuvre avec la technique de la trame (traits verticaux interrompus) en faisant une rupture sur l’un des traits (pinceau, tombe) a commencé quand j’ai entendu un doyen artiste dit lors d’une interview qu’il n’y a pas d’erreur, c’est l’artiste qui doit forger ses capacités mentales pour savoir manipuler toute matière.
A la fin de cette première expérience, j’ai constaté que le trait interrompu devient une accentuation par rapport aux traits ininterrompus. J’ai repris la même démarche plusieurs mois de suite et ce qui était à l’origine une erreur (littéralement parlant) est devenu mon écriture picturale.
L’appellation de cette identité picturale se compose à partir de deux mots, la fantaisie et la trame, d’où le nom de la tranfantaisie qui fait référence à l’impressionnisme, le readymade, le surréalisme. La transfantaisie se manifeste par une volonté de liberté de représenter un monde irréel.
Asakan : Quelles sont vos inspirations artistiques, vos influences ? Les thèmes et émotions que vous essayez de transcrire dans vos œuvres ?
Abib Samb : Actuellement, je travaille principalement sur le thème : anatomie artistique. Ce choix ne s’est pas fait par hasard et renvoie au temps de l’enfance lorsque je jouais au football avec mes amis sur les grandes allées du quartier. En effet, à chaque fois qu’une personne passe, on arrêtait le jeu par une expression apprêtée « sur place ». A chaque fois qu’on entendait donc « sur place », chacun restait immobile et garde l’action jusqu’à ce que la personne traverse. C’était une belle manière pour éviter de causer des dommages aux passants.
Après quelques années de recherche et m’inspirant du foot, j’ai obtenu ce que j’ai appelé « anatomie artistique ». Autrement dit, une étude des mouvements du corps qui m’indique de figer des personnages dans des postures singulières qu’on obtient par soustraction des objets de métier. Par exemple, un homme entrain de bêcher sans sa bêche, devient simplement un corps en mouvements qui se renouvelle au regard.
Asakan : Quel est le regard porté sur votre travail par le public ? Par le milieu artistique ?
Abib Samb : Je reçois beaucoup de témoignages positifs et d’encouragements lors des vernissages de mes expositions, mais aussi sur les réseaux sociaux Instagram, Facebook, et Whatsapp… à l’échelle nationale comme internationale.
Selon des artistes et les amateurs de l’art, c’est un travail original qui demande une recherche soutenue, de la patience et de la rigueur.
Asakan : Quels conseils aimeriez-vous transmettre à d’autres jeunes désireux de se lancer dans l’art ?
Abib Samb : Si je peux donner des conseils aux plus jeunes que moi qui aimeraient se lancer dans l’art, ce seront : de faire le concours d’entrée à l’Ecole des Arts, de fréquenter les artistes les plus âgés et plus expérimentés pour partager leurs expériences, visiter les expositions et interroger les artistes sur leur travail, passer du temps sur les réseaux sociaux pour découvrir le large public du monde de l’art, interroger la matière (pigment, peinture…) sur les différents supports, travailler sur un thème universel et chercher à développer une signature picturale.
Vous pouvez découvrir le travail d’Abib Samb à La Galerie de Mon Père, sise à Yoff Virage, Dakar ou sur son compte Instagram : https://www.instagram.com/samb_abib/
La Rédaction.