Malienne, Congolaise et Belge, Amina Dubrecq Eloumrany est la designer de mode qui est derrière KUMI, une marque qui propose des créations inspirées des traditions textiles séculaires en Afrique. Le « Dempé », tissu utilisé au Mali et dans certains pays arabes est l’élément qui a poussé le déclic. Aujourd’hui, dans un univers de fast fashion minimaliste, KUMI représente un véritable pilier de dynamisme et d’innovation. La marque de prêt-à-porter malienne allie un savoir-faire ancestral à un design contemporain avant-gardiste, offrant ainsi un mariage étonnant de beauté traditionnelle et de modernité.
Des imprimés africains accrocheurs aux couleurs riches viennent agrémenter des silhouettes flatteuses aux détails raffinés, mettant en valeur les courbes naturelles de la femme avec originalité. Mais KUMI ne s’intéresse pas uniquement à l’aspect esthétique. La marque a pour vocation de promouvoir des produits fabriqués de manière durable et éthique tout en respectant les techniques artisanales africaines traditionnelles. Et c’est à raison que sa fondatrice se bat pour implanter la marque KUMI dans plusieurs pays africains et dans le reste du monde.
Rencontre avec cette créatrice sur tous les fronts, toujours souriante et optimiste, fascinée par l’expérience de vie sur le continent africain, les traditions, les arts, la culture et l’innovation.
Asakan : Si vous devez vous présenter vous-même, que direz-vous ?
Amina Dubrecq Eloumrany : Je suis Amina Dubrecq Eloumrany, Malienne et Belgo-Congolaise. Après avoir occupé le poste de shop manager d’une marque de prêt à porter à Bruxelles pendant plusieurs années, j’ai mis à profit mon expérience dans le domaine de la mode pour donner naissance à KUMI, une marque dont je suis la fondatrice et directrice artistique.
L’aventure KUMI a vu le jour en septembre 2021, j’ai trouvé l’inspiration dans le Dempé, un voile traditionnel porté par les femmes arabes du Nord-Mali pour faire face aux températures élevées de la région. Fabriqué en coton pur et teint à la main, les motifs et les couleurs du Dempé ont donc éveillé ma curiosité et j’ai alors décidé de me lancer dans cette aventure excitante.
Mon rêve était de donner forme à de beaux vêtements, aux finitions soignées, que j’imagine porter aussi bien sur mon continent qu’en Amérique, en Europe ou au Moyen-Orient.
Asakan : Avez-vous l’impression d’avoir réalisé ce rêve ?
Amina Dubrecq Eloumrany : oui, je suis sur le chemin de la réalisation. Ce n’est qu’un début.
Asakan : Quels sont les facteurs dans la mode qui ont déclenché votre prise d’initiative ?
Amina Dubrecq Eloumrany : J’ai remarqué un intérêt accru pour les produits ethniques et éco- responsables, tant en Europe qu’en Afrique, aussi bien de la part des grands créateurs exploitant les tendances mondiales dans leurs collections que des acheteurs à la recherche d’alternatives éthiques et écologiques à la fast fashion. Les consommateurs veulent revenir aux sources, revenir à certaines valeurs. J’ai eu la chance d’être dans les deux continents (l’Afrique et l’Europe) et dans tout ce que je fais, j’essaie d’obtenir la qualité, et je vise toujours la grandeur parce que je veux produire un travail qui suscite la fierté et inspire celui qui regarde. Ce n’est jamais parfait, mais c’est authentique.
Asakan : L’authenticité est-elle suffisante comme message à transmettre à travers vos créations ?
Amina Dubrecq Eloumrany : Mon objectif était de résoudre l’équation entre la couture locale, le style africain, la mode grand public et la clientèle mondiale. Et la question était de savoir comment je vais croiser tout cela et trouver quelque chose de nouveau, de différent, qui puisse générer des revenus et créer des emplois. L’authenticité s’est dégagée d’elle-même parce que nos tissus sont véritablement authentiques. Ils sont le résultat de pratiques artisanales et de valeurs transmises depuis des siècles de génération en génération.
Asakan : Pensez-vous que l’artisanat malien intéresse autant les gens qui sont dans la mode ?
Amina Dubrecq Eloumrany : Bien sûr que l’artisanat malien intéresse. Le Mali est connu pour ses teintures. C’est le pôle par excellence en ce qui concerne la teinture de haute gamme. Pour mes designs, je travaille plus avec la sérigraphie manuelle qui existe au Mali depuis toujours. Je sélectionne personnellement les tissus, provenant de tout le continent, pour y incorporer des éléments préférés collectés au cours de mes voyages.
Asakan : Est-ce qu’il y a une similarité ou un quelconque rapprochement entre ce qui se passe ailleurs et ce que vous faites dans la mode ?
Amina Dubrecq Eloumrany : La différence est l’authenticité dans ce que l’on crée.
Asakan : Ça fait un bout de temps que vous êtes dans la création, pouvez-vous nous parler d’une de vos créations qui vous a le plus marquée ?
Amina Dubrecq Eloumrany : Quand on faisait les prototypes des tissus, j’avais une idée précise du résultat que je voulais obtenir et la question était de savoir comment la réaliser. Et est-ce que c’était possible de le faire au Mali ? Je ne savais pas. Après plusieurs tests nous sommes finalement parvenus à avoir un produit fini. Ceci a été ma plus grande joie puisqu’on y est arrivé.
Asakan : Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Amina Dubrecq Eloumrany : KUMI signifie « dix « en swahili, et le chiffre 10 à une grande importance. C’est un chiffre particulièrement riche sur le plan symbolique. Il marque la fin de la série décimale, il est l’aboutissement, la complétude. C’est donc le chiffre de l’accomplissement. Mais il marque aussi le commencement d’une nouvelle série. Pour moi c’est l’accomplissement dans ma vie professionnelle. Aujourd’hui, mon ambition est que KUMI soit implantée dans chaque grande capitale de la Mode.
Asakan : Il y a des jeunes qui s’intéressent de plus en plus à la mode et qui essaient également de sortir leurs têtes de l’eau. Quels conseils pouvez-vous partager avec eux de par votre expérience ?
Amina Dubrecq Eloumrany : Oser ! Oser ! Il ne faut pas attendre d’avoir de l’argent pour commencer. Il faut commencer avec ce que l’on a. Quand je dis oser, c’est d’en parler, de commencer, ne pas avoir de frein et d’avancer. Quand on a une idée, il faut y aller, ne pas attendre le « quand j’aurai », ne pas trop compartimenter, il faut la mettre en pratique.
Propos recueillis par : Zakariahou ALHOUSSEINI.
Pour en savoir plus, https://kumiconceptstore.com
Très fier de ce qu’elle a accompli dans ce milieu de la mode, la créativité et l’originalité sont au rendez-vous à travers cette marque KUMI, continue de nous faire rêver Amina Dubrecq El Oumrany