Par ces temps où « toutes sortes de gens surgissent avec des tendances destructives ; nous devons donner à la culture l’occasion de rétablir l’équilibre », écrivait, entre les deux grandes guerres, l’essayiste autrichien Robert Musil. Moins d’un siècle plus tard, les choses n’ont pas tant évolué.
Les Sénégalaises et les Sénégalais, toutes tendances confondues, sont suspendus au bon vouloir d’un seul homme ; les régimes militaires du Mali, du Burkina-Faso et du Niger en proie au terrorisme mais qui manipulent constamment leurs populations et menacent le vivre-ensemble chèrement acquis des peuples ouest-africains ; les millions de morts et de déplacés en République Démocratique du Congo du fait de l’ingérence du président rwandais Paul Kagamé ; les frères ennemis qui continuent de s’entretuer au Soudan et en Haïti ; l’attaque de la Russie contre l’Ukraine ; l’OTAN qui bande les muscles et provoque au plus près ; le génocide en cours en Palestine ; le spectre de l’ancien président Donald Trump qui hante les Etats-Unis … Pire, nous sommes en plein aujourd’hui dans l’ère géologique de l’anthropocène où l’homme est devenu lui-même force tellurique, capable de changer la face de la Terre tout autant que d’affecter le cours de la Nature. D’où les changements climatiques et leurs effets dramatiques. Bref, tous les ingrédients sont réunis pour une explosion globale.
Dans ce chaos, une chose nous unit encore : la culture. Malheureusement pour beaucoup d’Africains, de Noirs, la culture n’est pas une priorité. Elle est, dit-on, une chose de blanc, l’occupation des désœuvrées et autres discours toxiques. De Dakar à Cotonou en passant par Abidjan, Bamako, Lomé, Kinshasa, la scène artistique africaine n’échappe pas à cette marginalisation. Les musées, galeries et espaces d’art ne rassemblent, le plus souvent, uniquement que les publics professionnels et passionnés d’art.
Pourtant, le rôle des musées, galeries et espaces d’art comme acteurs de développement des communautés, de cohésion sociale et important levier de développement économique n’est plus à démontrer. En effet, après les galeries d’art qui permettent de faire connaître l’artiste, son œuvre et de lui permettre de vivre dignement de ses travaux, les musées et espaces d’art permettent d’enrichir culturellement les communautés et de les éduquer. Ces différents lieux de promotion et de diffusion de l’art ont donc pour mission de servir le public le plus vaste possible, les chercheurs, les amateurs, les étudiants, les enfants, et tous les adultes avertis. Leurs entrées, libres et gratuites pour la plupart, prouvent à raison leur accessibilité à tous les publics sans discrimination aucune, sauf pour les voyants qui ont refusé de voir ou les entendants qui s’obligent à ne point entendre.
C’est dans les musées, galeries et espaces d’art que se joue le destin du monde de demain. Car l’art a le don de provoquer l’imaginaire, d’éveiller la sensibilité, de stimuler l’esprit critique, de développer le jugement et de favoriser l’ouverture au monde et à soi-même.
A bons entendeurs …
Olaréwadjou Elvis LALEYE.