Ni le terrorisme qui sévit encore dans l’extrême Nord du pays et ce quelques rares fois jusqu’à Bamako, ni les incertitudes politiques, les difficultés liées au financement ou encore moins à la baisse de fréquentation des visiteurs internationaux n’ont émoussé l’ardeur de l’organisation et des artistes de la 16e édition des Rencontres de la Photographie de Bamako.

Photo: Mister Oba
Sous le commissariat général du galeriste Igor Diarra, ce rendez-vous incontournable de la photographie africaine et mondiale est consacré, pour son trentième anniversaire, à la parole, au silence et au bruit – Kuma en bamanakan, une langue populaire du Mali- et se déploie, dans son IN et dans son OFF, principalement entre le Musée National du Mail, le Musée du District, le Palais de la Culture Amadou Hampâté Ba, le Mémorial Modibo Keita, le Musée de la Femme, le Conservatoire des Arts et Multimédias Balla Fasséké Kouyaté, la Maison Africaine de la Photographie, la Galerie Medina et au Blabla Bar dans la capitale malienne.
D’un lieu à l’autre, les différences entre les choix scénographiques peuvent être importantes, notamment à cause du manque de fonds auquel les rencontres font face depuis quelques années du fait de la brouille Mali/France alors que jusqu’à récemment, l’Institut français du Mali et le gouvernement malien étaient les principaux soutiens de cette manifestation artistique.
Mais la biennale résiste vaille que vaille avec une exposition panafricaine au Musée National de Bamako qui, en réunissant les œuvres des 30 artistes photographes sélectionnés à savoir Victor Adewale (Nigeria), Bernard Akoi-Jackson (Ghana), Héla Ammar (Tunisie), Nabil Boutros (Egypte), Cédrick Isham-Calvados (Guadeloupe), Caroline Déodat (France/Ile Maurice), Jeannette Ehlers (Danemark/Trinité-et-Tobago), Willow Evann (France/Côte d’Ivoire), Mounir Fatmi (Maroc), Ismael Mahamoudou Laouli (Niger), Arnold Tagne Fokam (Cameroun), Zara Julius (Afrique du Sud), Massow Ka (Sénégal), Kevin Kabambi (R. D. Congo), Seyba Keita (Mali), John Kalapo (Mali), M’hammed Kilito (Maroc), Cynthia R. Matonhodze (Zimbabwe), Primo Mauridi (R.D. Congo), Mariam Niaré (Mali), Osakpolor Omoregie (Nigeria), Amine Oulmakki (Maroc), Marc Posso (Gabon), Nuno Silas (Mozambique), Kanni Sissoko (Mali), Yvon Ngassam (Cameroun), Maheder Halleselassie Tadese (Ethiopie), Arilala Ophelia Ralamboson (Madagascar), Dior Thiam (Allemagne/Sénégal) et Sethembiso Zulu (Afrique du Sud), permet justement de réfléchir sur l’autonomisation, l’authenticité, et à la contribution que l’Afrique pourrait apporter dans ce monde en pleines mutations géopolitiques, climatiques et numériques.
La remise du Grand Prix Seydou Keita (1er Prix) à Maheder Haileselassie Tadesse, du Prix Bisi Silva (2ème Prix) à Willow Evann, du 3ème Prix à Victor Adewale et des prix portant Mentions Honorifiques à Seyba Keita et à Dior Thiam, ainsi que les différentes expositions dont l’expo hommage au Résistant Amical Cabral ou à la doyenne Françoise Ruguier ou encore l’exposition Bamako Dreams, les performances, poésies, programme d’initiation de jeunes à la photographie, les tables rondes et conversations, les projections de films dans divers lieux de Bamako sont également quelques-uns des symboles forts du succès de cette édition anniversaire.
Cependant, il est nécessaire pour les fortunes et les grandes entreprises maliennes et africaines de commencer à investir dans la biennale de la photographie africaine. Car, si cet évènement venait à disparaitre, faute à tort ou à raison de soutiens internationaux, les artistes d’Afrique et du monde perdraient un espace précieux d’expression sans parler du rôle déterminant que joue l’art dans la cohésion sociale, la lutte contre le terrorisme et les obscurantismes de toutes sortes.
Les Rencontres de Bamako 2024 ont été lancées le samedi 16 novembre 2024 et prennent fin le jeudi 16 janvier 2025.
Olaréwadjou Elvis LALEYE.