Coup de Cœur avec l’Artiste peintre éthiopienne-suisse Kidiste Degaffe

Tout en étant une artiste éthiopienne, africaine à part entière, notre Coup de cœur du soir est aussi une artiste suisse, européenne qui a l’art chevillé au cœur. Son œuvre, reconnaissable aux états d’âme bouleversants de ces personnages, est un profond cri de cœur contre les violences faites aux femmes, la fistule obstétricale, l’une des formes les plus sévères de morbidité maternelle, les conflits et tout ce qui perturbe la paix dans le monde.

Coup de cœur.

Kidist Degaffe 

Asakan : Pour commencer notre entretien, pouvez-vous vous présenter ?

Kidist Degaffe : Je m’appelle Kidist Degaffe, née en 1969 en Ethiopie. Je suis une artiste peintre. Je suis sortie de l’Académie d’art d’Addis Abeba en 2005. Depuis je peins en particulier des portraits marqués par la Vie que je nomme « art endurance » mais qui sont en réalité des personnages intégrés dans un contexte signifiant. Je vis et travaille entre la Suisse et la France.


Asakan : Quelle définition faites-vous de l’art ? Comment percevez-vous l’art contemporain ?

Kidist Degaffe : C’est quand nous vivons dans l’art, quand nous sommes dans l’art, que nous créons l’art. L’art c’est sublimer dans une création le pouvoir de communiquer, de dialoguer, d’exacerber, de questionner. L’artiste est, en effet, un penseur et personne ne peut l’empêcher de créer ou de « penser avec art ». Il doit être plutôt « en première ligne » des challenges de son époque.

L’art contemporain : c’est d’abord donner de la valeur à l’artiste de son vivant ainsi qu’à son discours et aux messages qu’il porte.


Asakan : Quand avez-vous su que vous consacreriez votre vie à l’art ?

Kidist Degaffe : Depuis toujours, j’ai toujours voulu devenir une artiste mais j’ai été prise dans un long parcours à cause des coutumes et habitudes. J’ai donc suivi des chemins loin de l’art jusqu’à ce qu’en 2005, je décide finalement d’écouter mon cœur.


Kidist Degaffe, Artiste avec pinceau. Acrylique sur toile, 119 x 100 cm

Asakan : En tant qu’artiste, comment vous décrieriez-vous votre art ? Comment êtes-vous parvenue à la finalisation de votre empreinte ?

Kidist Degaffe : Je me réalise dans « l’art endurance » c’est-à-dire les défis, les contraintes, les réussites que nous rencontrons dans la vie à un moment donné. Ce concept d’« art endurance » en parle par le biais de métaphores, d’allégories, de folklores ou de symbolismes.

Concernant mon écriture, j’ai fait les Beaux-Arts à Addis-Abeba où j’ai appris les rudiments du métier. Arrivée en Europe, j’ai participé à des formations qui m’ont donné beaucoup plus de maitrise technique dans ma pratique. Dans l’art, j’ai aussi découvert la ténacité et la patience.


Asakan : Quelles sont vos inspirations artistiques, vos influences ? Les thèmes et émotions que vous essayez de transcrire dans vos oeuvres ?

Kidist Degaffe : Mes influences artistiques sont variées et nombreuses. En vrac : Kahlo, Gauguin, Hodler, Courbet, Girma Agegnehu Ingida, O’Keefe, Ingres, Delacroix, El Greco, Zao Wou- Ki, Schiele, Borgeaud, les expressionnistes allemands, etc. Chacun, Chacune d’entre eux m’apporte une part de leur génie grâce auquel à travers ma peinture, j’expose les challenges de la vie et met en lumière les fléaux comme les génocides, les famines, les oppressions, les défis liés à la maladie du sein, de la fistule obstétricale. J’aborde également des thématiques majeures comme le mariage précoce, l’excision, l’égalité femmes-hommes, la paix, la tolérance, les valeurs humaines universelles.


Kidist Degaffe, Stop Génocide II. Acrylique sur toile, 65 x 54 cm
Kidist Degaffe, Stop Mariage Précoce et Obstetric fistula. Acrylique sur papier, 80 x 60 cm
Kidist Degaffe, War & Peace Vache et Lion. Acrylique sur toile, 62 x 100 cm
Kidist Degaffe, Robben Island. Acrylique sur toile, 120 x 80 cm

Asakan : Quel est le regard porté sur votre travail par le public ? Par le milieu artistique ?

Kidist Degaffe : J’ai eu beaucoup d’encouragements et feedback de la part de divers publics comme de personnes telles mes anciens collègues à mes postes salariés, ma famille et mes connaissances. Des critiques constructives, je retiens le besoin de continuer à affiner.

Difficile par contre avec les espaces de diffusion et institutions d’art… Pendant seize ans, j’ai compté plus que quatre-vingt refus pour des projets artistiques proposés et/ou concours d’art. Mais la technique et le langage artistique, les thématiques ne peuvent pas être dissoutes. C’est la force motrice pour continuer à être entendue et reconnue. « L’échec nous faire rebondir » comme j’ai entendu récemment dans une émission.


Kidist Degaffe, Endurance portrait kaléidoscope. Acrylique sur papier, 40 x 30 cm

Asakan : Quels conseils aimeriez-vous transmettre à d’autres jeunes désireux de se lancer dans l’art ?

Kidist Degaffe : Restez humble. Restez fidèle à sa cause, à ses valeurs. L’expression artistique et le message que vous portez/véhiculez doivent être la force motrice pour vous aider à continuer à créer, à progresser dans la sensibilité, la spontanéité et la profondeur de votre âme.


Pour plus d’informations sur le travail de Kidist Degaffe, rendez-vous sur :

La Rédaction.

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