Partcours 12 – Khady Thiam/ La Galerie de Mon Père : “c’est important de pouvoir remettre en lumière ces artistes-là, leur rendre hommage et montrer leurs univers aux jeunes et futures générations comme à ceux qui ne les connaissent pas. “

Le Partcours 12, c’est fini mais les expositions sont en cours jusqu’à janvier/février 2024 pour certaines. « Oumar Katta Diallo, 1946-2018 » est l’une de ces expositions à voir à la Galerie de Mon Père à Yoff Virage jusqu’au 23 janvier prochain sauf prolongation.

A cette occasion, nous sommes allés à la rencontre exclusive de la directrice et co-fondatrice de cette galerie qui gère depuis 2019 l’une des collections les plus influentes de la scène artistique et culturelle sénégalaise et africaine autour de sa première participation à cet évènement, de l’artiste qu’elle présente dans ce cadre et de ses coups de cœur.

*Alioune THIAM et Khady THIAM, Fondateurs de La Galerie de Mon Père*

Asakan : Partcours célèbre cette année sa douzième édition. Qu’est-ce qui vous semble important dans cette manifestation artistique et quels sont ses enjeux selon vous ?

Khady Thiam/ La Galerie de Mon Père : Partcours c’est déjà un événement qui réunit, à Dakar, les acteurs importants de la scène artistique locale. Il donne également chaque année une nouvelle visibilité aux artistes et aux espaces. Je suis très contente de pouvoir participer à cette édition en tant qu’espace invité. Pour la petite histoire, je me rappelle encore il y a quelques années quand j’allais voir Mauro Petroni pour lui dire que j’aimerais faire partie du Partcours, il me disait “ce n’est pas comme ça Khady, tu as encore du travail à faire mais un jour, ça viendra”. De ce fait, avec le temps et la discipline, les efforts ont fini par payer. Aujourd’hui, c’est une énorme chance d’avoir participé à la douzième édition du Partcours 12 et ça me rend plus confiante pour pouvoir continuer à apprendre, à grandir dans le milieu de l’art, à aider à faire émerger de nouveaux artistes, à remettre en lumière ceux qui nous ont quitté et donc voilà, le Partcours, pour moi, c’est le partage, l’échange, de belles expos, une ébullition artistique dans la ville de Dakar.

Asakan : Quelles réflexions proposez-vous en tant qu’espace participant au Partcours 2023 ?

Khady Thiam/ La Galerie de Mon Père : Comme j’aime souvent le dire, que ce soit à l’occasion des expositions à la galerie ou hors les murs, je me suis adapté à la collection que nous avons. Cette dernière est majoritairement composée des artistes de la première génération de l’Ecole de Dakar. Pour savoir où on va, il faut savoir d’où l’on vient et pour moi c’est important de pouvoir remettre en lumière ces artistes-là, leur rendre hommage et montrer leurs univers aux jeunes et futures générations comme à ceux qui ne les connaissent pas.

Lors des Partcours 10 et 11 organisés en collaboration avec l’Atelier Céramiques Almadies de Mauro Petroni, nous avions mis en avant Amadou Seck et Abou Ndiaye. et aujourd’hui, jamais deux sans trois, nous remettons encore en avant, mais pour la première fois dans l’enceinte de la galerie, un artiste de l’Ecole de Dakar: Oumar Katta Diallo.

Asakan : Parlez-nous du travail d’Oumar Katta Diallo?

Khady Thiam / La Galerie de Mon Père : Oumar Katta Diallo est né à Dakar en 1946. Pendant sept ans, il a étudié à l’Ecole de Dakar sous la direction d’Iba Ndiaye. Ensuite, il a rencontré Pierre Lods, un ancien militaire français devenu professeur de mathématiques et peintre. Il restera d’ailleurs fidèle toute sa vie à ce personnage important de l’histoire de l’art en Afrique ainsi qu’au Président Léopold Sédar Senghor qui a institué l’École de Dakar. En redécouvrant, récemment ses œuvres lors d’un inventaire de toute la collection de mon père, Alioune THIAM, ce fut une évidence. Je savais que je devais exposer son univers atypique. Et aussi, parce que je n’ai pas beaucoup vu son travail exposé à Dakar, à part à l’occasion d’une exposition en décembre 2019 au Musée des Civilisations Noires de Dakar.

Ce qui me frappe également beaucoup dans l’univers de Katta Diallo, ce sont ses personnages au regard si perçant, qu’on a l’impression que la toile vous parle, le jeu des couleurs qu’il arrive à très bien mêler, sa façon de représenter ses personnages à la manière des statuaires africaines et avec ce manque d’asymétrie qui donne un rendu très beau.

*Vues de l’exposition « Oumar Katta Diallo, 1946-2018 Photos: La Galerie de Mon Père*

Asakan : Pouvez-vous nous présenter une œuvre de l’exposition ?

Khady Thiam / La Galerie de Mon Père : Alors une œuvre qui me plait beaucoup, c’est un carton qui date de 1989 et qui n’a pas de titre. On y voit un portrait de femme au regard frappant, au corps imagé, au visage épousant la forme d’un masque. Un mélange de couleurs magnifique, qu’un collier de perles met en valeur au niveau du cou. Dans l’autre partie du corps, les bras ne sont pas assez définis, on ne sait pas si l’œuvre arrive jusqu’au ventre ou au niveau des jambes.. Du coup, c’est au spectateur de se laisser porter par son imagination et je pense que c’est aussi ça Katta Diallo. Il y a beaucoup de mystères derrière chacune de ses œuvres.

*Oumar Katta Diallo, Sans Titre, 1989. Acrylique sur carton, 50 x 64 cm*

Asakan : Quelles sont les actions que vous offrez au public dans le cadre de cette exposition du Partcours 2023 ?

Khady Thiam / La Galerie de Mon Père : Le vernissage a eu lieu le dimanche 26 novembre dernier dans l’enceinte de la galerie. Depuis lors, on accueille de nombreux visiteurs parmi lesquels des curateurs, des artistes, des collectionneurs, des amateurs d’art. L’exposition est accessible librement et gratuitement jusqu’au 23 janvier 2024. Le catalogue de l’expo est disponible en format papier et en version numérique avec un texte du critique d’art et commissaire d’exposition Massamba Mbaye et une vingtaine d’images d’œuvres en haute définition de l’artiste.

Asakan: Hormis votre exposition, quels sont vos autres coups de cœur du Partcours 12 ?

Khady Thiam / La Galerie de Mon Père : J’ai assisté à un certain nombre de vernissages pour m’imprégner des nouveaux artistes que je ne connais pas. Après, mes coups de cœur sont : la double exposition “Petroni 40” à l’Institut Culturel Italien de Dakar et à l’Atelier Céramiques Almadies, l’exposition « Picnic » d’Obou Gbais à la Hoop Galerie, l’exposition collective « Vertigineuses » à Selebe Yoon.

Asakan : Votre mot de la fin ?

Khady Thiam / La Galerie de Mon Père : Je remercie infiniment Mauro Petroni d’avoir cru en moi et de m’avoir supporté. Mauro est fédérateur pour beaucoup de galeristes et d’artistes, il a su donner de la force à tous. Je remercie aussi le Comité du Parcours d’avoir sélectionné la galerie en tant qu’espace participant au Partcours 2023.

Un “gros grand” merci à mon père d’avoir à l’époque eu la “folie” d’acquérir toutes ses œuvres. Parce que, sans mon père et sans cette passion qu’il m’a transmise, je n’aurais jamais connu l’art ou du moins différemment; La Galerie de Mon Père n’aurait jamais vu le jour. Un grand merci également à Asakan pour tout ce que vous faites.