Dans une tribune publiée en ce début de semaine dans le quotidien français Libération, 300 écrivains francophones parmi lesquels Mohamed Mbougar Sarr, Leila Slimani, Virginie Despentes, J. M. G. Le Clézio, appellent à « nommer le génocide » en cours dans la bande de Gaza. « La qualification de ‘génocide’ », y lit-on, « n‘est pas un slogan. Elle implique des responsabilités juridiques, politiques, morales. Nous ne pouvons plus nous contenter d’appeler cela une ‘horreur’, de faire montre d’une empathie générale et sans objet, sans qualifier cette horreur, ni préciser de quoi il s’agit. Tout comme il était urgent de qualifier les crimes commis contre des civils le 7 octobre 2023 de crimes de guerre et contre l’humanité, il faut aujourd’hui nommer le ‘génocide’ ».

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Mais, faut-il le rappeler, il n’a pas que les autorités israéliennes qui sont dans cette aveugle vendetta aux conséquences humaines énormes. Des millions de Juifs israéliens sont derrière le gouvernement de Benjamin Netanyahou. Comme, par exemple, ce collectionneur entre Tel Aviv et l’Europe, que nous devions interviewer en mai dernier et qui a finalement décliné l’offre et s’est désabonné de nos réseaux sociaux parce que nous avons relayé la tribune « No Genocide Pavilion at the Venice Biennale » qui appelait à l’exclusion d’Israël de la Biennale de Venise 2024.
Entre temps, des milliers d’enfants, des artistes, des écrivains ont péri de leurs vies, par dizaines et parfois par centaines, dans des bombardements israéliens presque quotidiens. Les pourfendeurs de la paix soulignent qu’Israël a le droit de se défendre et donc, de tuer impunément des êtres de lumière, des innocents qui n’ont commis pour crime que d’être nés en Palestine ou d’être la voix des sans-voix.
« Quand Israël ne les tue pas », précise la tribune « il les mutile, les déplace, les affame délibérément. Israël a détruit les lieux de l’écriture et de la lecture − bibliothèques, universités, foyers, parcs. » A l’instar des lieux de monstration de l’art.
Dans le Sud Global et particulièrement en Afrique, on pourrait arguer que cette infâme injustice se déroule loin de nous, que les Arabes sont des racistes patentés, que les Juifs ont subi des violences dans l’histoire comme les Noirs … Mais, je ne vois pas des Africains en position de force transformer l’Europe en terre d’esclavage ou de colonisation par esprit de vengeance sur l’histoire.
Et bien évidemment, notre responsabilité collective à tous est engagée.
Plus que jamais et quels que soient nos niveaux de responsabilité, rejoignons les signataires de la tribune pour exiger « que soient imposées des sanctions à l’État d’Israël, demandons un cessez-le-feu immédiat − qui garantisse la sécurité et la justice pour les Palestiniens, la libération des otages israéliens, celle des milliers de prisonniers palestiniens détenus arbitrairement dans les prisons israéliennes, et qui mette un terme, sans délai, à ce génocide qui nous engage chacun et chacune ».
Olaréwadjou Elvis LALEYE.