C’est reparti pour la Biennale de l’Art Contemporain de Dakar. Le lancement a été effectué hier devant un parterre d’invités au nombre desquels le corps diplomatique accrédité au Sénégal, des curateurs, des critiques d’art, des collectionneurs, des artistes, des galeristes et des amateurs d’art qui sont venus nombreux pour vivre ce moment historique.
Ce 18 novembre, lors d’une cérémonie solennelle à l’ancien Palais de Justice, au Cap Manuel, la 15e Édition de la Biennale de l’Art Africain Contemporain de Dakar a été lancé par le Secrétaire Général du Ministère de la Culture et du Patrimoine historique du Sénégal, représentant le Ministre hors du territoire national et en présence de presque tous les membres du Comité d’Orientation de la Biennale édition 2024, de Madame Mariem BA Secrétaire Générale de la Biennale et de Madame Salimata DIOP, la Directrice artistique de l’édition 2024.
Premier point positif : C’est la première fois que la biennale organise un tel événement de lancement au Cap Manuel, le lieu même de sa présence à Dakar depuis plus de treize ans. La cérémonie a été aussi suivie en ligne par des dizaines de personnes dans le monde. Pour ceux qui s’inquiétaient encore que la plus grande manifestation artistique d’art africain contemporain dans le monde soit en déclin ou ne tienne pas cette année, il y a de quoi les rassurer. Quant aux partisans du report, ils devront bien encore prendre leur mal en patience s’ils ne se décident à rejoindre la barque. Le thème de cette édition « The Wake – L’Eveil – Le Sillage – Xall Wi » entend relier le passé au présent tout en interrogeant le futur.
Deuxième point positif : La Biennale a décidé de faire le pari de la femme jusqu’au bout. Après la nomination de la Franco-Sénégalaise Salimata DIOP en qualité de directrice artistique, l’Américaine Dr Kara Blackmore, la Franco-Togolaise Cindy OLOHOU et la Française Marynet J. sont les commissaires invitées du Dak’Art 2024. Avec elles, il y a sans doute matière à questionner la place de la femme dans l’art. L’exposition « On s’arrêtera quand la Terre rugira », dont elles seront les curatrices, réunira les œuvres de dix artistes internationaux autour d’un autre enjeu existentiel de notre monde : les questions urgentes liées à la crise écologique.
L’artiste grand témoin de la prochaine Biennale de Dakar est aussi une femme en la personne de la Kenyane-Américaine Wanguechi Mutu, récemment nommée artiste de l’année 2023 par Appolo Magazine. Née le 22 juin 1972 à Nairobi, au Kenya, Wanguechi Mutu est une artiste et sculptrice de renommée internationale dont l’œuvre, mêlant peintures, collages, vidéos, installations, explore des thèmes comme la féminité, la violence, la consommation et le fossé entre nature et culture.
Troisième point positif : Cette 15e Édition de la Biennale de Dakar, qui se tiendra du 16 mai au 16 juin 2024 principalement à l’ancien Palais de Justice, signe le grand retour du design. En confiant le commissariat de cette section au designer sénégalais à Monsieur Ousmane Mbaye qu’on ne présente plus, la Biennale de Dakar fait désormais également le pari de mettre en avant l’importance du Design en Afrique, d’encourager la collaboration entre les designers, les artisans et les entrepreneurs, les industriels et ainsi, de promouvoir des industries culturelles et créatives pérennes et des systèmes économiques vertueux qui bénéficieront à tous.
Quatrième point positif : Tisser au bout de l’ancienne corde, la nouvelle. En effet, la Biennale de Dakar 2024 mettra un accent particulier sur les grands artistes sénégalais qui sont présents dans des collections privées au Sénégal. Cette exposition titrée « L’exposition des Collectionneurs » sera curatée par l’une des personnalités les plus influentes de la scène artistique sénégalaise depuis plus de quarante ans, en occurrence Monsieur Kalidou Kassé.
Cette 15e Edition du Dak’Art signe aussi le retour de l’incontournable critique d’art, collectionneur, commissaire d’exposition et anciennement Président du Conseil Scientifique de la Biennale, Monsieur Sylvain Sankalé. Il sera le commissaire de l’exposition hommage, à la Galerie Nationale d’Art, au défunt artiste visuel Mouhamadou N’doye dit N’doye Douts, disparu le 9 juin 2023 à l’âge de 50 ans.
Et puisque c’est au bout de l’ancienne qu’on tisse toujours une nouvelle quand on veut que le succès soit au rendeez-vous, la Biennale de Dakar, à travers une exceptionnelle exposition hommage, célèbrera, à la Maison de la Culture Douta Seck, l’œuvre et la personne de la doyenne Germaine Anta Gaye (née à Saint-Louis du Sénégal en 1953) qui a révolutionné les codes de la peinture sous verre appelé SUWEER au Sénégal. Le commissariat de cette exposition est assuré par Madame Salimata Camara.
Cinquième point positif : Et c’est de loin le point plus important qui a retenu notre attention lors du lancement hier de la Biennale de Dakar, c’est la place qu’occupe la jeunesse dans la sélection officielle. Plus de la moitié des Cinquante-huit (58) artistes d’Afrique et de la Diaspora de l’exposition IN ont moins de 40 ans dans la continuité de la quatorzième édition de la Biennale. C’est le reflet d’une nouvelle donne, de l’Eveil, du Sillage, du Wake sur la scène artistique africaine et diasporique. Par ailleurs, la Biennale formera des jeunes par le biais d’une section exclusivement dédiée aux métiers de l’art comme métiers d’avenir.
Autres particularités : A la Biennale de Dakar 2024, les trois pavillons nationaux qui seront dressés au Musée des Civilisations Noires sont les Pavillons du Cap-Vert, des Etats-Unis d’Amérique et bien entendu du Sénégal, pays hôte de la biennale. Chacun des trois pavillons mettra en lumière la scène artistique de leur pays. Si on connait le nom du curateur du Pavillon du Sénégal, Monsieur Abdoulaye Ndoye, ceux des deux autres pavillons restent à déterminer.
Au programme du Dak’Art 2024, il y aura aussi du graffiti, des performances, des tables rondes et bien évidemment, les fameuses manifestations OFF qui donnent à la Biennale de l’Art Africain Contemporain de Dakar son caractère inclusif et rassembleur au-delà des origines géographiques, culturelles et autres.
Vivement le 16 mai 2024 !
Olaréwadjou Elvis LALEYE.