Coup de Cœur avec l’Artiste Peintre Malien Seydou Traoré

Artiste émergent de la scène contemporaine malienne, Seydou Traoré fascine par sa pratique picturale novatrice, puissante et poétique qui, en tentant d’échapper à toute classification, veut nous réconcilier à la préservation de l’environnement, la condition féminine, la cohésion sociale, et la paix.

Coup de Cœur.

Seydou Traoré Crédit Photo : DR.

Asakan : Pour commencer notre entretien, pouvez –vous vous présenter ?

Seydou Traoré : Je suis Seydou Traoré, artiste plasticien malien qui vit et travaille à Bamako.  Je suis diplômé de l’Institut National des Arts (INA) et du Conservatoire des Arts et Métiers Multimédias Balla Fasséké Kouyaté de Bamako.


Asakan : Quelle définition faites-vous de l’art ? Comment percevez-vous l’art contemporain ?

Seydou Traoré : L’art, pour moi, c’est l’âme de l’humanité, c’est la vie. Comme l’idée de Dieu, il est inscrit au cœur de tout homme et permet de toucher le grand nombre par les sens et les émotions.

L’art contemporain est l’art du présent, de notre temps. Le risque avec cette définition est cependant que les artistes qui vivront en l’an 2500 feront aussi de l’art contemporain aux yeux de leurs contemporains, donc je préfère souvent nuancer que l’art contemporain se distingue des autres courants et formes d’art du passé par la largesse des médiums et techniques ainsi que les idées et concepts qu’il véhicule.


Asakan : Quand avez-vous su que vous consacriez votre vie à l’art ?

Seydou Traoré : Je suis né avec car, depuis tout petit, je dessinais sur tout ce qui bouge. Mais je n’avais alors aucune idée que ce que je faisais était de de l’art. Quand j’ai réussi à mon Diplôme d’Etudes Fondamentales (DEF), ma mère s’est renseignée et m’a proposé de m’inscrire au concours de l’Institut National des Arts (INA). La suite, vous la connaissez (rires).


Asakan : En tant qu’artiste, comment décririez-vous votre art ? Comment êtes-vous parvenu à la finalisation de votre empreinte ?

Seydou Traoré : Je fais du semi-figuratif contemporain. Avant je travaillais essentiellement avec de l’acrylique. Aujourd’hui, j’utilise des tissus jeans usagés que je récupère, découpe et colle sur la toile jusqu’à ce qu’ils commencent à donner forme, puis j’y intègre des coupures de tissus en couleurs de différentes textures. Ce qui donne une œuvre complète sans avoir à utiliser le moindre gramme de peinture. Mais je me considère toujours comme artiste peintre parce que je fais de la peinture autrement. Souvent, quand on regarde, en effet, mes tableaux, on a l’impression que c’est peint.


Seydou Traoré, « La Vieille », 2022. Collage de Tissus sur toile, 120 x 120 cm
Seydou Traoré, « Les Frères », 2022. Collage de Tissus sur toile, 100 x 75 cm

Asakan : Quelles sont vos inspirations artistiques, vos influences ? Les thèmes et émotions que vous essayez de transcrire dans vos œuvres ?

Seydou Traoré : Mes inspirations viennent de la nature, du quotidien, de mon environnement immédiat et au-delà, tout ce que j’observe dans la société en bien comme en mal est susceptible de finir sur une de mes toiles pour traiter des questions de paix, de cohésion sociale, d’amour, et de la violence faite aux femmes.

Ma toute dernière série porte par exemple sur le motif du papillon. Ce qui m’importait, c’était de représenter, sous une forme physique, le rapport à la liberté et à la fragilité dans un pays. Tout comme le papillon, l’individu doit pouvoir voler de ses propres ailes,  mais comprendre également que sa fragilité devient plus grande sans la protection de son pays. Et donc, il faut garder le lien, prendre soin de son pays quelle que soit la situation qu’il traverse.


Seydou Traoré, « L’Envol », 2023. Collage de Tissus sur toile, 120 x 120 cm
Seydou Traoré, « Vision du Papillon », 2023. Collage de Tissus sur toile, 120 x 120 cm
Seydou Traoré, « Vision », 2024. Collage de Tissus sur toile, 120 x 120 cm
Seydou Traoré, « Bouquet du Papillon », 2024. Collage de Tissus sur toile, 120 x 120 cm
Seydou Traoré, « Un Instant », 2024. Collage de Tissus sur toile, 120 x 120 cm

Asakan : Quel est le regard porté sur votre travail par le public ? Par le milieu artistique ?

Seydou Traoré : J’ai beaucoup de chance et je suis reconnaissant de l’accueil que le public fait régulièrement à mon œuvre. Dans le monde de l’art, je n’ai aucun souci particulier en dehors du fait que le marché des arts plastiques est encore très peu développé au Mali. Je salue dans ce sens la création du Mali Art Club qui rassemble de jeunes collectionneurs maliens pour contribuer au développement du marché de l’art local.

Je suis heureux également d’être membre fondateur du collectif Tim’Art aux côtés d’Ange Dakouo, Mariam Maiga, Lassana Koné et autres avec lesquels nous travaillons et organisons des workshops et des expositions individuelles et collectives.


Asakan : Quels conseils aimeriez-vous transmettre à d’autres jeunes désireux de se lancer dans l’art ?

Seydou Traoré : Il faut de la passion, du travail et beaucoup de courage pour être un artiste. Je dirai aussi qu’il faut de la valeur parce que notre travail consiste à enrichir l’âme des gens.

Pour plus d’informations sur le travail de Seydou Traoré,

La Rédaction.

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