L’artiste marocaine Amina Agueznay remporte le Norval Sovereign African Art Prize 2024 pour son œuvre « Portal #1 » qui a reçu la note la plus élevée du jury sur la trentaine de finalistes sélectionnés parmi 375 candidatures de 18 nationalités.

Diplômée en architecture, Amina Agueznay (née à Casablanca en 1963) est dans sa pratique artistique à la lisière d’univers divers et complémentaires tels que le design, la mode ou encore les techniques artisanales de tissage qu’elle convoque régulièrement dans son travail.
En effet, Après avoir vécu longtemps aux Etats-Unis, elle rentre au Maroc et entreprend dorénavant des voyages dans les régions urbaines et rurales de son pays natal, à la recherche d’artisans pour documenter leurs techniques et traditions de conception artisanale. Progressivement, elle intègre ces techniques dans sa propre démarche artistique dans le domaine du travail textile, en mettant l’accent sur l’essence collaborative de la création. « Mes œuvres, faites de liaisons et ramifications, traduisent le potentiel des connexions de personnes autour d’un projet commun, la valeur de la communauté́, du maillage social. Plus que tout, c’est un discours sur l’Homme que je propose. Sur ces liens non visualisables qui tracent la matrice des relations, par l’échange, l’apprentissage, la transmission. », détaille-t-elle. En ce sens, par exemple, « Portals » est née d’une invitation de l’éco-architecte et anthropologue Salima Naji à Amina Agueznay pour animer des ateliers pour les femmes de Tissekmoudine et d’une commande faite par l’artiste à ces femmes sur un de ces dessins, un village du sud du Maroc. Dans ce village comme dans nombreux autres au Maroc et plus globalement au Maghreb, le ksar ou encore ksour au pluriel forme(nt) l’essentiel du patrimoine bâti. Mais les portes sont en particulier au cœur de l’identité du ksar. Au cours de ces ateliers, les croquis de ces portes réalisés par les femmes ont été transformés en tissages de laine. L’artiste a développé ses propres interprétations de ces portes, en incorporant des matériaux locaux comme l’écorce de palmier talefdamt et l’écorce de palmier ifraoune. L’œuvre qui en résulte est tactile et sensorielle avec des textures qui décrivent une géographie nouvelle.

et écorce de palmier (ifraoune), tissage plat et noué, 100 x 120 x 10.
Depuis 1999, date à laquelle elle expose à l’Institut du Monde Arabe à Paris, Amina Agueznay a participé à de nombreuses expositions et foires internationales. En 2010, elle est notamment lauréate du Mediterranean Fashion Prize. Sa participation à la Biennale d’art contemporain 2019 au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat est intitulé Embody the Visible : Act the Invisible, en deux actes. Conte de l’invisible, de la laine et du silence et constitué de structures abstraites de laine avec des bijoux incorporés. Son installation « Curriculum Vitae » présentée au Musée National de L’Histoire de l’Immigration à Paris, a intégré la collection CNAP de France. Outre sa participation à des défilés de mode et d’art au Maroc et en Europe, son travail a été présenté dans des catalogues d’art et des magazines de par le monde.
La Rédaction.