
Huile sur carton, 45,7 × 35,6 cm – The Kilbourn Collection –
© Estate of Gerard Sekoto/Adagp, Paris, 2025 –
Photo © Jacopo Salvi, l’une des 350 oeuvres de l’exposition
C’est le grand évènement qui sera inauguré cette semaine à Paris avant la fermeture du Centre Pompidou pour cinq ans : du 19 mars au 25 juin, l’exposition « Paris Noir. Circulations artistiques et luttes anticoloniales, 1950 – 2000 »mettra en lumière cent cinquante artistes, de l’Afrique aux Amériques en passant par la Caraïbe, dont les œuvres ont rarement été montrées en France.
L’enjeu est pour sa commissaire Alicia Knock, « de comprendre comment ces histoires de l’art étroitement liées au politique, et largement disséminées du fait de circulations et d’exils, produisent des esthétiques propres comme relationnelles, dans un contexte durable de marginalisation institutionnelle. » Car, continue-t-elle, « si Paris a été un espace unique de solidarité entre l’Afrique et les Amériques, la France n’a jamais mis en lumière son rôle dans l’émergence de pratiques culturelles noires : le système politique français s’avère étanche aux questions de race, comme à la redéfinition des questions de souveraineté à l’ère postcoloniale. »
Ainsi de 1947, l’année de la création de la revue anticoloniale Présence africaine et du début des luttes d’indépendance, des guerres de décolonisation et des combats pour les droits civiques aux Etats-Unis, jusqu’aux années 1990, qui voient la chute du régime de l’apartheid, la diffusion de la Revue noire et les lutes de plus en plus pregnantes contre le racisme en France, l’exposition, dans la lignée de nombreuses expositions et publications qui ont eu lieu dans le monde anglo-saxon depuis une trentaine d’années, cartographie et historiographie, pour la première fois dans une institution nationale française, cinquante ans d’émancipation et d’expression artistique afrodescendante à Paris. C’est donc à une plongée vibrante dans une ville lumière cosmopolite, lieu de résistance et de création, qui a donné naissance à une grande variété de pratiques, allant de la prise de conscience identitaire à la recherche de langages plastiques transculturels. Des abstractions internationales aux abstractions afro-atlantiques, en passant par le surréalisme, la figuration libre et multiples savoirs que le public est invité à s’immerger.
Au fil de la visite, il découvrira également cinq installations produites spécifiquement pour l’exposition par Valérie John, Nathalie Leroy-Fiévée, Jay Ramier et Shuck One ainsi qu’au centre du parcours, une matrice circulaire qui reprend le motif de l’Atlantique noir, océan devenu disque, métonymie de la Caraïbe et du « Tout-Monde », selon la formule du poète martiniquais, Édouard Glissant comme métaphore de l’espace parisien.
En parallèle de l’exposition, le Centre Pompidou propose une série d’activités associées dont des visites guidées, des projections de films, des lectures, des rencontres et un colloque international, les 20, 21 et 22 mars, où artistes, commissaires d’exposition, penseurs contemporains et militants auront la parole entre le Centre Pompidou, le Musée du Quai Branly-Jacques Chirac et le Campus Cordorcet autour du rôle déterminant qu’a joué Paris pour les Africains, les Caribéens et les Noirs Américains.
Exposition « Paris Noir. Circulations artistiques et luttes anticoloniales, 1950 – 2000 »
Du 19 mars au 30 juin 2025
Centre Georges-Pompidou, Paris 4e
Tous les jours (sauf les mardis et le 1er mai) 11h – 21h, jeudi jusquà 23h
Plus d’infos :www.centrepompidou.fr
La Rédaction.