A Ouidah, le Collectif Postbox Ghana nous invite à découvrir le palmier à huile autrement

La galerie Atlantic Art Space a abrité le dimanche 02 novembre dernier à Ouidah le vernissage de « Postbox Ghana, « Like a palm tree » », une exposition du Collectif pluridisciplinaire Postbox Ghana sur les métamorphoses du palmier à huile.

Vue d’exposition Postbox Ghana « Like a palm tree »
Courtesy the Artists and Atlantic Art Space
Photo : Joannes Doglo

Pour faire face à la lutte anti-esclavagiste qui battait son plein en Occident et à sa conséquence : la chute importante des profits engendrés par le commerce des esclaves dans lequel le Royaume du Danxomè était un grand pourvoyeur, le Roi Guézo (1787-1858) décide de substituer le commerce du bois d’ébène à celui du palmier afin de répondre aux nouveaux besoins du capitalisme occidental. C’est le début du commerce de l’huile de palme et de ses dérivés qui continue encore aujourd’hui d’être un poumon important de l’économie de la sous-région ouest africaine et mondiale.

Jusqu’au 07 décembre, Atlantic Art Space met en lumière cette histoire à travers des photographies d’archives puisées principalement dans les fonds de la Fondation Zinsou  par Postbox Ghana, un collectif d’artistes et de chercheurs basé à Accra et qui a à son actif de nombreuses expositions d’archives dans l’espace public de plusieurs villes ghanéennes ainsi que participé à des expositions parmi lesquelles la Biennale di Venezia – Exposition internationale d’architecture (2023), Vantage Point Sharjah 11 – Sharjah Art Foundation (2023) et les OFF  de la Biennale de Dakar 2024.  

Vue d’exposition Postbox Ghana « Like a palm tree »
Courtesy the Artists and Atlantic Art Space
Photo : Joannes Doglo

En ouverture du parcours, une forêt de palmiers issu d’albums datant de la colonisation française en mille-feuille telle une jungle luxuriante sur le mur du fond de la galerie, tandis que les photographies originales qui ont servi à ces reproductions trônent juste sur le mur d’à côté. Ce qui « témoigne à la fois du foisonnement des palmeraies de la région à la fin du XIXème siècle et de la fascination occidentale pour cet arbre, transformé en symbole de l’exotisme, en ornement privilégié des stations balnéaires et producteur d’une huile bon marché pour l’industrie alimentaire. » peut-on lire dans un communiqué de presse qui a été partagé à notre rédaction.

« Pourtant », poursuit le communiqué, « l’huile de palme subit des transformations bien plus complexes au fil des époques et des usages. » Pour en témoigner, trois dames-jeannes du marché de Tokpa, semblables à celles que l’on rencontre remplies d’essence le long des routes du Bénin, sont installées sur des socles de dimensions variables : l’une contenant de l’huile rouge appelée communément « ami vôvô », l’autre de l’huile de palme blanche dite localement « adimi wé » et la troisième une forme d’huile de couleur noirâtre « tchotcho ». Si les deux premières sont souvent utilisées dans la cuisine béninoise, la dernière sert pour des besoins spirituels. Cela explique peut-être pourquoi la dame-jeanne contenant cette huile est induit du bas en haut et tout le long d’un savon appelé « Koto » et dont on sert aussi bien pour la purification du corps qu’une toilette simple. Pour Atlantic Art Space, « Ces trois figures immobiles incarnent » surtout « le pouvoir de fluides qui permettent une circulation intense sur la côte Ouest-africaine, où s’échangent les langues, les coutumes et les ressources. » Dans cette installation, Postbox Ghana place ainsi Ouidah à la confluence des routes de l’huile.

Vue d’exposition Postbox Ghana « Like a palm tree »
Courtesy the Artists and Atlantic Art Space
Photo : Joannes Doglo

Le vernissage s’est clôturé sur un repas communautaire autour des recherches sur les variations culturelles de l’huile de palme dans le domaine culinaire. A la manette, la cheffe et prêtresse Mirabelle Kounagbe Kuassiba qui a fait tester, avec beaucoup de plaisir, aux différents invités son savoir sur les traditions locales liées à cette matière.

La cheffe et prêtresse Mirabelle Kounagbe Kuassiba et des membres de l’équipe de la Fondation Zinsou autour du repas communautaire de d’exposition Postbox Ghana « Like a palm tree »
Photo : Joannes Doglo

« I’m a Palm Tree » a fait entendre tel un cri une visiteuse dans le livre d’impressions sur l’exposition. Un cri, qui comme l’exposition, nous invite à nous reconnecter au sens profond des choses et à préserver notre patrimoine matériel autant que naturel.

« Postbox Ghana, « Like a palm tree » »
A Atlantic Art Space – Ouidah, Bénin
Du 02 novembre au 07 décembre 2025, du mercredi jusqu’au dimanche de 10h à 18h
Plus d’infos : atlantic-art.org   

La Rédaction.

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