La Tate, musée londonien abritant une importante collection d’art moderne et contemporain, a décerné le Turner Prize 2025 à Nnena Kalu, artiste britannique d’origine nigériane, devenant ainsi la première femme en situation de handicap mental, à recevoir ce prestigieux prix qui récompense, chaque année et ce depuis 1984, un artiste pour une exposition ou une présentation exceptionnelle de son œuvre. Il est assorti d’une dotation de 25 000 £ pour la gagnante et de 10 000 £ pour chacun des trois artistes finalistes qui sont, pour cette édition 2025, Rene Matić, Mohammed Sami et Zadie Xa.

Crédit Photo : James Speakman/PA Media Assignments
La cérémonie s’est tenue, comme l’exige la coutume, dans une ville autre que Londres, précisément à Bradford, ville britannique de la culture cette année. « Le jury a félicité les quatre nominés pour leurs présentations originales et audacieuses, offrant un aperçu de l’art contemporain actuel. », selon un communiqué. Il a également tenu à saluer « l’œuvre audacieuse et captivante de Kalu, louant sa capacité à traduire avec vivacité le geste expressif en sculptures et dessins abstraits saisissants. »
« Soulignant sa pratique singulière et sa maîtrise des proportions, de la composition et des couleurs », Bonacina, commissaire d’exposition indépendant ; Sam Lackey, directeur de la Biennale de Liverpool ; Priyesh Mistry, conservateur adjoint des projets d’art moderne et contemporain à la National Gallery ; Habda Rashid, conservatrice principale d’art moderne et contemporain au Fitzwilliam Museum ; et, Alex Farquharson, directeur de la Tate Britain,tous membres, du juryont particulièrement été admiratifs « de la présence puissante qui se dégage de ses œuvres. »
Née en 1966 à Glasgow de parents nigérians et vivant et travaillant à Londres, Nnena Kalu, dont la pratique artistique a commencé il y a plus d’une vingtaine d’années, s’appuie sur l’enroulement, le nouage et la superposition pour transformer des matériaux modestes en assemblages sculpturaux, formes suspendues et œuvres sur papier qui expriment le mouvement, le temps et la répétition. Dans ses gestes sculpturales, comme le montre la film ci-dessous réalisé par la Tate, elle débute souvent par de simples armatures ou des formes tubulaires qu’elle enveloppe et lie de couches de ruban adhésif, de tissu, de corde, de film alimentaire et d’autres matériaux recyclés. Au fil du temps, ces structures s’assemblent pour former des sculptures évoquant des cocons ou des blocs erratiques, qui peuvent être suspendues, posées en équilibre ou regroupées au sol, emplissant les espaces de la galerie d’une dense palette de couleurs et de textures.
Parallèlement à ses sculptures, l’artiste réalise des dessins qui font écho aux rythmes circulaires et sinueux de ses installations. Travaillant directement sur papier avec des couleurs vives et du noir, elle construit des compositions tourbillonnantes en traçant et superposant des lignes à répétition, créant ainsi des champs denses qui témoignent d’un contact physique prolongé avec la surface. Ces dessins accompagnent souvent des projets sculpturaux ou s’y rapportent, prolongeant ainsi son intérêt pour la répétition et le geste en deux dimensions.
Parmi les expositions récentes de Nnena Kalu, on peut citer « Creations of Care » au Kunsthall Stavanger de Norvège et « Modern and Contemporary British Art: The State We’re In: 2000–Now », au Tate Britain de Londres (toutes deux en 2025). A noter que l’exposition de la lauréate et de ses autres finalistes se tient actuellement à la Cartwright Hall Art Gallery de Bradford jusqu’au 22 février 2026.
Sa victoire représente une étape importante pour les artistes handicapés mentaux, les structures qui les accompagnent et le monde de l’art.
La Rédaction.



