Philippe Sène, l’artiste sérère le plus talentueux de son temps expose à la Galerie Christophe Person-Bruxelles dès ce 05 décembre

Nous l’annoncions déjà la semaine dernière : la Galerie CHRISTOPHE PERSON  présente, du 05 décembre au 17 janvier, l’exposition « Mouvements Sacrés », un duo show entre modernisme et art contemporain africain, entre Tiffanie Delune et Philippe Sène. Mais qui est Phillipe Sène ? Quel est son parcours ? Que comprendre de son œuvre ?

Philippe Sène, « Pangol » 1973
Encre de Chine sur papier, 25.20 x 35.40 cm (hors cadre)
Courtesy de la Galerie CHRISTOPHE PERSON

Du Siné Saloum à Dakar

Né dans le Siné Saloum, précisément à  Diouroup, en 1945, Philipe Sène est un artiste de la première génération de l’Ecole de Dakar. Comme beaucoup de créateurs sénégalais de son temps, il est l’un des élèves de la section de recherches plastiques de l’Ecole Nationale des Arts de Dakar animée par Pierre Lods, le peintre et ethnologue français dépêché à Dakar en 1961 par le Président Léopold Sédar Senghor pour enseigner à la fameuse section de recherches plastiques, après avoir fondé et dirigé le Centre d’Art Africain de Poto-Poto, dite l’Ecole de Poto-Poto, à Brazzaville, au Congo.

Avec ce dernier, Philippe Sène acquiert les techniques artistiques de base telles qu’enseignées dans le monde de l’art occidental et apprend aussi à conceptualiser sa démarche. Bref, il intègre rapidement un condensé de toute l’histoire de l’art du point de vue de l’Occident. Une histoire de l’art dont il va pourtant se défaire progressivement à travers la construction d’une œuvre qui lui est propre. Pour cela, il trouve un appui fidèle et indéfectible auprès du Président Léopold Sédar Senghor, l’artiste-poète et surtout le chantre par excellence du mouvement de la négritude sur le continent africain qui prônait une réécriture de l’histoire de l’art africain axée sur une réaffirmation de la valeur et de la dignité des cultures africaines et la « Civilisation de l’Universel ».

Après cette formation aux différentes facettes, Philippe Sène s’installera donc dans son atelier à l’intérieur de la Cité des Artistes de Colobane, actuellement Village des Arts situé sur la route de Yoff, juste après le Stade Léopold Sédar Senghor ; ironie de l’histoire…

De là, l’artiste a peint la culture Sérère…

L’œuvre de Philippe Sène est reconnaissable à sa subtile combinaison des formes et des couleurs, et à son tracé d’élégantes arabesques. Ce qui donne à chacune de ses créations un rythme et un mouvement qui détonnent. « Pour être réussie, la composition doit danser. », déclarait-il.

Philippe Sène, « Le Pangol de la Danse » 1991
Huile sur toile, 74.5 x 94.5 cm
Courtesy de la Galerie CHRISTOPHE PERSON

A vrai dire, Philippe Sène est Sérère tout comme son mentor Léopold Sédar Senghor. Et chez les Sérères, parce qu’ils permettent d’atteindre un état de transe mystique, la danse et le rythme rapprochent l’homme de la connaissance du sacré et de la transcendance.

Ce peuple d’Afrique de l’Ouest, qui est aussi présent en Gambie, a une vision positive et harmonieuse de l’univers qui s’articule autour de deux mondes complémentaires, symboliquement imbriqués : le monde des vivants et le monde des morts, schématisés sous la forme de deux pyramides inversées. Et entre ces deux mondes, on trouve les pangols – génies, ancêtres canonisés ou forces de la nature – qui font le lien et ainsi facilitent les destinées.

Alors bien qu’il soit devenu un artiste plasticien de talent, Philippe ne se départit pas de cette croyance qui l’a vu naitre et grandir. Au contraire, il se mit à peindre ces pangols rapportés par la parole et dont les histoires liant les humains au Dieu Unique (« Rog Sene ») sont encore vécues au quotidien par quelques rares derniers initiés, qui sont aujourd’hui en voie de disparition.

On se croirait dans un archivage soigneusement organisé de l’histoire et de la culture sérère, comme s’il avait pressenti qu’en 2025 cette part de la culture sénégalaise pourrait s’effacer, modernité oblige et qu’il fallait coûte que coûte ne pas se laisser surprendre, mais transmettre aux générations présentes et futures. C’est ce qui fait d’ailleurs que cet artiste est considéré par différents experts comme l’un des plus importants plasticiens de l’art moderne africain.

… que présente la Galerie Christophe Person jusqu’au 17 janvier 2026

Si en février-mars 2023 l’exposition « L’Ecole de Dakar : Philippe Sène et Amadou Seck » avait pu permettre de présenter, après bien des années, le travail de l’artiste au public parisien, « Mouvements Sacrés » de Tiffanie Delune et de Philippe Sène sonne comme un retour sous les feux de la rampe. Un halo vers la contemporanéité pour faire découvrir son œuvre à un public plus large. De là, l’espace de Bruxelles de la Galerie Christophe Person, la capitale de l’Europe.

Pour ce faire, l’exposition réunit une dizaine d’œuvres de l’artiste, réalisée entre les années 1973 et 1992, qui n’ont jamais été présentées en Belgique, mais toutes acquises directement auprès de ce dernier.  On y retrouvera des œuvres comme « Pangol », « Le Connaisseur des Rêves », « Le Pangol de la danse », « Naissance », « Les Trois Gardiens », « Camb Alé (le puits sacré) », « Le Messager » ou encore « Le danseur », où, suivant les compositions, le marron marquera la permanence ou le sacré, le vert l’hivernage ou la fertilité, le bleu la mer au large de Sangomar (lieu de vie des Pangols) ou l’espérance ; tout ça dans une assurance provocante et une formidable habileté technique, vous vous en doutez.  

Philippe Sène, « Camb alé (le puits sacré) » 1991
Huile sur toile, 74 x 94.50 cm
Courtesy de la Galerie CHRISTOPHE PERSON
Exposition « Mouvements Sacrés » de Tiffanie Delune et Philippe Sène
Du 05 décembre 2025 au 17 janvier 2026
A la Galerie Christophe Person – Bruxelles
Rue Emile Clause, 63 – 1180 Uccle, Bruxelles, Belgique
Plus d’infos : christopheperson.com
 
Vernissage : Dimanche 7 décembre de 14h à 19h
Pour vous Inscrire au vernissage, cliquez ici.
Catalogue de l’exposition, disponible en suivant ce lien.

La Rédaction.

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