Retour sur notre Coup de cœur avec l’Artiste franco-burkinabè Yveline Tropea

En 2021, à l’approche de la Biennale de Sculpture de Ouagadougou (BISO) pour laquelle elle sera d’ailleurs sélectionnée, nous avons rencontré l’artiste franco-burkinabè d’origine italienne Yveline Tropea autour de son parcours, de sa pratique artistique et, globalement, de l’art.

Aujourd’hui et alors que la troisième édition de BISO est actuellement en cours au Burkina-Faso et sera notamment à son firmament du 4 octobre au 8 novembres 2023, nous revenons sur notre Coup de cœur avec cette artiste d’exception.

Yveline Tropea.

Asakan : Pour commencer voulez-vous vous présenter ?

Yveline Tropea : Née en 1962 et vivant entre le Burkina Faso et la France depuis plus de quinze ans, mon expérience personnelle comme mon travail explorent depuis longtemps cette complexité identitaire. Plus réellement européenne, et pas tout à fait africaine, cette ambiguïté est au cœur de ma vie et de mon art. Mon travail peut-il être assimilé à de l’art contemporain « africain », si tant est qu’il y ait là une identité bien définie d’un art spécifique du continent africain ?

Si mon choix de m’installer à Ouagadougou, d’y ouvrir un atelier dans lequel je travaille avec des brodeuses est une aventure, celui-ci m’a ouvert au fil des ans à la complexité d’une double culture dans laquelle je vis aujourd’hui, et à la polysémie des mondes entre lesquels je navigue sans cesse. Toujours entre deux mondes matériels, deux mondes spirituels, deux manières d’aborder l’espace, le temps, le sens que peuvent prendre les concepts de « tradition » et de « modernité », la présence du sacré, l’altérité, ce qu’on peut appeler la rationalité, ma vie et mon art se déploient dans un monde flottant, ou peut- être un « tout-monde », dans lequel s’interpénètrent, et se renversent, les valeurs, les certitudes, les cultures, les esthétiques et les imaginaires. Mon travail se nourrit de cela.


Asakan : Quelle définition faites-vous de l’art ? Et Comment percevez-vous l ‘art contemporain ?

Yveline Tropea : L’art est une aventure humaine. L’art contemporain échappe au temps, il impose la présence d’un autre monde.


Yveline Tropea, L’exercition, 2019. Perlé brodé main, 120 x 117 cm

Yveline Tropea, La Rencontre, 2019. Perlé brodé main, 79×49 cm

Asakan : Quand avez-vous su que vous consacreriez votre vie à l ‘art ?

Yveline Tropea : L’été 1982, j’ai habité un mois dans un appartement où il y avait plein de tableaux de Jean Dubuffet « même dans la salle de bain » et une sculpture d’Alberto Giacometti. Je ne sais comment l’expliquer, j’avais enfin trouvé ma vérité et pénétrée de cette lumière, je me suis engouffrée sur cette voie, alors que je me destinais à être comédienne.


Asakan : En tant qu’artiste, comment vous définiriez-vous ? Comment êtes-vous parvenue à la finalisation de votre empreinte ?

Yveline Tropea : Je suis une artiste textile, outsider et surréaliste. Mais ce sont les autres qui font de vous un artiste. Mes amis Christophe de Fabry et Judith Schoffel qui tiennent la Galerie Arsenic à Paris m’ont donné confiance et m’ont suivie pendant de nombreuses années. Aujourd’hui c’est mon devoir de transmettre ce qui m’est donné sans forcément pouvoir tout expliquer de ce que j’exprime.


Asakan : Quelles émotions vous stimulent ? Quelle est l’œuvre phare de votre création ?

Yveline Tropéa : Tout ce qui me touche me fait vivre. Mon œuvre phare, c’est mon grand format sur la protection de l’enfance (166 x 164 cm) réalisée en 2017.


Yveline Tropea, Protection de l’enfance, 2017. Perlé brodé main, 166×164 cm

Asakan : Quel est le regard porté sur votre travail par le public ? Et par le milieu artistique ?

Yveline Tropéa : Il faudra lui demander… Plutôt très favorable dans le milieu artistique car c’est une écriture unique sans référence. Certains perdent pied, d’autres comme Anne de Villepoix, galeriste parisienne renommée sont convaincus de mon écriture.


Yveline Tropea, Le passage des Ames, 2017. Perlé brodé main, 148 x 135 cm

Pour plus d’informations sur le travail de Yao Metsoko, rendez-vous sur :

Propos recueillis par : Olaréwadjou Elvis LALEYE.

Article publié pour la première fois sur le Facebook d’Asakan.

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