Partcours, la manifestation artistique sénégalaise la plus prisée des collectionneurs et amateurs d’art contemporain africain après la Biennale de Dakar, revient du 24 novembre au 10 décembre prochains.
Dans cet entretien, Asakan revient avec la Coordination du Partcours sur le bilan de l’édition dernière et aborde les points forts de la douzième édition.
Comme à l’accoutumée, Partcours réunira cette année encore, des lieux d’art et de savoirs et autant d’évènements culturels en l’espace de quinze jours chrono dans une géographie autre de la ville de Dakar. Ainsi, plus de onze ans après son institution, cette manifestation artistique inédite et unique sur le continent africain emmènera, du 24 novembre au 10 décembre 2023, le visiteur averti ou néophyte dans une exploration quotidienne de la cité dakaroise à travers des vernissages et des rencontres par quartier pour défendre la création de savoirs centrés autour des pratiques de l’Art.
Toutes les formes d’Art y seront à découvrir entre peinture, sculpture, architecture, installation, vidéo, impression, photographie, performance, et discussions engageant des artistes, des critiques d’art, des commissaires d’exposition, des galeristes, des collectionneurs, des encadreurs, des enseignants, des passionnés, des passants, des visiteurs, des curieux, des étudiants, des commerçants, des acteurs, des danseurs…
Les difficultés de cet événement, nous rappelait, il y a un an, l’un de ses pères fondateurs, « sont celles que vivent au quotidien les artistes, galeristes, commissaires d’exposition, chercheurs, qui se dédient à leurs pratiques, et face à l’ordre pré-établi, représentent une petite poche de résilience et de persévérance ».
A l’occasion de cette 12e édition, nous avons posé cinq questions à la Coordination du Partcours 2023.
Asakan : Le Partcours a célébré l’année dernière la première édition de sa deuxième décennie de vie. Quel bilan aviez-vous fait ?
La Coordination du Partcours : Nous l’avons célébré avec discrétion car le travail est constant pour maintenir le Partcours dans sa lancée. L’événement grandissant, le résultat ne dépend plus seulement de l’organisation interne, mais bien justement de l’état de vie des espaces d’art qui le composent, tout autant que de l’appropriation que s’en fait le public.
La qualité de l’événement, qui se soucie de savoir être inclusif tout en imposant des critères de participations exigeants, nous impose un réel travail d’accompagnement et de pédagogie auprès des participants, mais aussi une écoute du public qui interprète à sa propre manière les mouvements du Partcours.
Si le réseau créé au travers du Partcours est une réelle force de communication, c’est le travail constant de ses espaces, chacun avec ses propres forces et ses difficultés, qui valorise un écosystème local de créativité contemporaine. Le Partcours n’est qu’une loupe grandissante qui réunit des détails et une information dispersée par nature.
Alors, si nous devons faire un bilan, ce serait celui de notre capacité à tenir la distance, plutôt que de chercher la performance à tout prix. Le Partcours évolue, se structure prudemment, et cherche toujours à consolider et formaliser son modèle en évolution constante. A présent largement comparé à la Biennale, il devient légitime dans son mode de fonctionnement, et nous espérons qu’il puisse inspirer d’autres initiatives centrées autour de l’art contemporain.
Asakan : Vous avez choisi cette année de faire entrer 5 nouveaux espaces dans l’évènement. Pourquoi ce choix ?
La Coordination du Partcours : Faisant face à l’approche de nombreux artistes souhaitant participer au Partcours, il nous a semblé important de partager au grand public une charte qui expliquait les fondamentaux de la manifestation artistique.
Le fait qu’elle régit directement des espaces membres qui sont libres de leur programmation, selon leur emplacement géographique, fait comprendre aux artistes ou aux projets culturels qu’ils ne peuvent pas s’inscrire directement au Partcours, mais plutôt intégrer la programmation d’espaces déjà membres du Partcours.
Le Partcours a donc élu un comité de sélection représentatif des différents types d’entités qui le composent (galeries d’art, commissaires indépendants, institutions… etc.), puis lancé un appel à participation pour de nouveaux espaces. Cela pour garantir de manière démocratique l’inclusion de nouveaux lieux, et permettre de répondre aux postulants de manière transparente sur leur volonté d’intégrer le Partcours.
Sur dix dossiers reçus, cinq ont été sélectionnés. Ce chiffre n’est pas une moyenne mais le résultat naturel du processus de sélection. Trois espaces accueillis dépendent notamment du ministère de la Culture (le Village des Arts, la Galerie Nationale d’Art, le Musée de la Femme Henriette Bathily), et deux sont des espaces privés (la Galerie de Mon Père, et Hoop Gallery). Ces cinq entités participeront au Partcours comme espaces « invités » pour cette douzième édition.
Asakan : Quelles sont les autres nouveautés et particularités de cette 12e édition ?
La Coordination du Partcours : Le Partcours va collaborer de nouveau avec l’artiste Benjamin Monteil qui présentera une carte de sa vision de la ville de Dakar. Nous annonçons également une campagne d’affichage dans la ville, dans certains quartiers et sur la corniche de Dakar. Partcours a atteint 5000 followers sur Instagram, qui devient l’un de ses canaux de communication privilégiés. Pour cette édition, l’ouverture du Partcours se fera en hommage à son co-fondateur, le céramiste Mauro Petroni, et ses 40 ans de carrière au Sénégal. Enfin, le Partcours rendra un hommage appuyé à Ndoye Douts, décédé le 9 Juin dernier à Dakar à l’âge de cinquante ans.
Asakan : Partcours est aujourd’hui synonyme de l’idéal commun, de l’engagement individuel, du travail collectif comme gages d’un succès partagé. Pensez-vous que l’art peut contribuer à la formation d’un type d’africain plus engagé et plus collaboratif pour le développement durable ?
La Coordination du Partcours : L’art en général représente une nouvelle manière de produire de la connaissance, une connaissance universelle. Le Partcours ne prétend pas représenter une vision hégémonique de la scène sénégalaise. C’est un groupement de professionnels qui œuvrent au quotidien pour les arts et la culture dans une démarche de recherche permanente. Un des objectifs du Partcours est, par une présentation commune, de rendre égalitaire ce qui ne l’est pas.
Le milieu de l’art est par essence un monde à part. Nous répondons avec notre événement à une humble tentative de décloisonner ce monde pour élargir les publics et le rendre accessible à tous. Nous faisons face aussi aux critiques : plus l’organisation grandit et plus elle se complique. Nous devons constamment réfléchir de nouveau aux bases que nous avons acquises et à comment les faire évoluer pour pérenniser le Partcours, sans pour autant renoncer à notre liberté. Si le Partcours a lieu, si la programmation est prête un mois à l’avance, c’est grâce au travail sans relâche de ses membres et organisateurs.
Nous estimons que les artistes, les opérateurs culturels et les médias doivent faire l’effort de se documenter pour comprendre le fonctionnement de l’événement. Cette documentation est présente sur notre site, nos réseaux sociaux, ou sur place au niveau de chaque lieu du Partcours. Les contacts téléphoniques et mail sont partagés à tous.
Souvent le Partcours est assimilé au Off de la Biennale, alors que c’est un événement indépendant qui fonctionne différemment. Nous encourageons les africains à s’unir pour créer leur propres dynamiques communes et nous espérons donc voir d’autres initiatives émerger comme le Partcours. Nous espérons également accéder à des financements locaux d’entreprises africaines.
Asakan : Un mot de fin ?
La Coordination du Partcours : Suivez le Partcours !
Partcours 12ème Edition
Du 24 au 10 décembre 2023
Dans 31 espaces de la Ville de Dakar.
Plus d’infos, www.partcours.art
La Rédaction.
