Femme noire, Femme africaine…

De Saartjie Baartman, exposée à son corps défendant dans les musées européens, à Naomi Beckwith, nouvellement nommée Directrice adjointe et conservatrice en chef du musée Guggenheim, asakan.art, Magazine d’Arts et Cultures sur le net, rend hommage en ce mois de mars, généralement dédié à la femme, à nos mères, nos sœurs, filles et petites filles du continent noir, de la Diaspora et des communautés Afro descendantes éparpillées partout dans le monde.

Koyo Kouoh, l’une des femmes les plus influentes de la scène artistique africaine. Crédit Photo: Antone Tempé.

Emmené par un passionné des Arts et de la Culture, ASAKAN revoit de la tenacité d’Olaréwadjou Elvis Godwill LALEYE alias Oba Shola Akinlabi, un peu plus de 20 ans après la dernière parution de Revue Noire, dernier grand magazine de mémoire à avoir consacré ses publications aux artistes et plasticiens africains et dont on se souvient encore des Éditions Spéciales Libreville, Bamako, Brazzaville ou encore Mozambique. Les trésors immatériels de l’Afrique, la richesse culturelle de tout un continent, tout cela va donc de nouveau faire l’objet d’un média spécialement dédié à ces causes sur internet.

asakan.art est un quotidien en ligne ayant une programmation par quinzaine dédiée aux amateurs, collectionneurs, professionnels et passionnés du secteur des Arts et de la Culture, par un groupe de rédacteurs et de correspondants originaires de plusieurs pays d’Afrique et du monde et animés par un seul objectif : faire découvrir toutes les pratiques et disciplines artistiques et culturelles issues et inspirées des cultures africaines, anciennes et nouvelles, et aussi ceux qui font le monde d’aujourd’hui.

asakan.art est également un lieu de rencontre et de réflexion avec celles et ceux qui font les Arts et les Cultures de l’Afrique, des Afriques, celle du continent mais aussi l’Afrique qui s’exporte à travers ses descendants, et ses ambassadeurs de tous horizons, ces acteurs de la diversité et du métissage culturel, réalité mondiale d’aujourd’hui. Car de nos jours, il serait difficile, n’est-ce pas, de parler d’Arts et de Cultures Africains sans évoquer leurs Histoires, l’économie juteuse dont ceux-ci font l’objet entre les richissimes collectionneurs et les origines pas toujours très bien identifiées des reliquaires. Parler d’Arts et Cultures Africains, c’est naturellement évoquer les nouvelles modes ainsi que les tendances dans ce nouveau monde où la création fait une part belle aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Parce que dans ce village planétaire où la puissance des GAFA n’est plus à démontrer, les Arts et les Cultures Africains se vivent et se découvrent aux menus des nouveaux supports numériques. Au final, le magazine asakan.art vient non seulement combler un vide constaté depuis bien longtemps lors des livraisons quotidiennes, hebdomadaires voire mensuelles et trimestrielles de la presse et de revues en ligne et sur papier. Mais ce ancien-nouveau venu au rayon de l’information et de la communication, va s’attaquer à présenter sous un nouveau jour, ce trésor matériel et immatériel que les Africains au fil des rencontres et des échanges ont appris à partager avec les autres, avec le monde.

Dans ce tout nouveau magazine qui ressort en plein mois de mars, un mois généralement consacré aux célébrations de la Journée mondiale de la Femme, le fondateur du magazine a choisi de rendre hommage à cette dernière, dans sa quête de Liberté et d’Egalité.

L’Afrique ne peut, en effet, se transformer sans égalité entre les hommes et les femmes dans tous les domaines de la vie que ce soit culturel, économique, social, politique, et autres. Plusieurs femmes ont déjà réussi à briser ce plafond de verre en accédant à de hautes fonctions dans leurs pays et dans les organisations internationales. Les cas de Funmilayo Ransome Kuti, cheffe activiste des mouvements éducatifs et anticoloniaux du Nigeria ; Mame Madior Boye, anciennement premier ministre du Sénégal (2001-2002) ; de Joyce Banda, anciennement présidente du Malawi (2012-2014) ; d’Ellen Johnson Sirleaf, anciennement présidente du Libéria (2006-2018) ; de Nkosazana Dlamini-Zuma, anciennement présidente de l’Union Africaine (2012-2017) ; Fatou Bensouda, procureure générale de la Cour pénale internationale (2012-2020) ; de Catherine Samba-Panza anciennement présidente de la Centrafrique (2014-2016) pour ne citer que celles-là ou encore des très récentes, Fatma Samba Diouf Samoura, Secrétaire de la Fifa depuis 2016 ; de Fatoumata Tambajang vice-présidente de la Gambie depuis janvier 2017, Amina J. Mohammed, Vice-secrétaire générale des Nations Unies depuis janvier 2017 ; de Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie depuis janvier 2019 ; de Ngozi Okonjo-Iweala, à la tête de la puissante régulatrice mondiale qu’est l’OMC, l’organisation Mondiale du Commerce depuis seulement février 2021, sont les plus illustratifs.

Dans le milieu de l’art africain contemporain, nombreuses sont ces femmes qui tiennent aussi le haut du pavé et dont les actions impactent positivement l’art et la culture en Afrique et dans le monde. Nous citerons pêle-mêle, Marilyn Douala Bell, première femme a fondé un Centre d’art en 1991 au Cameroun ; Marie-Cécile Zinsou l’une des premières à créer une Fondation d’art en Afrique ; Koyo Kouoh, la fondatrice de la Raw Material Company et directrice artistique du Zeitz Mocca le plus grand musée d’Afrique ; Touria El Glaoui, l’énergique directrice de la 1 :54 Fair ; Marie-Ann Yemissi, ancienne déléguée générale des Rencontres de Bamako et commissaire d’exposition indépendante ; Illa Ginette Donwahi, la très discrète présidente de la Fondation Donwahi, N’Goné Fall, l’une des anciennes principales contributrices de la Revue Noire, commissaire d’exposition et anciennement directrice de la Saison Africa 2020 ; Joëlle Le Bussy, fondatrice et directrice d’une des galeries les plus vieilles de Dakar ; Cécile Fakhoury, la dynamique galeriste d’entre Abidjan-Dakar-Paris ; Naomi Beckwith, la jeune directrice adjointe et conservatrice en chef du Guggenheim sans oublier ces femmes artistes ou anonymes qu’on ne peut toutes énumérer ici.

Qu’on se souvienne des reines Anne Zinghar d’Angola, Taytu Betul d’Ethiopie, Kimpa Vita du Kongo, Kahina d’Algérie, Néfertiti d’Egypte, Amina et Idia du Nigéria, Yaa Asantewaa du Ghana, Tasi Hangbé et Alaba du Bénin, Ndaté Yalla Mbodj du Sénégal qui ont conduit des royaumes autant en tant de paix en bonne intelligence avec leurs peuples qu’en tant de guerre contre le colonisateur.

Qu’on se souvienne de Saartjie Baartman, (Saartjie Baartman, parfois prénommée Sarah Baartman, de son vrai nom Sawtche, née vers 1788-1789 dans le Cap-Oriental et morte le 29 décembre 1815 à Paris. Femme noire retirée de ces terres natales d’Afrique du Sud, elle est réduite en esclavage et exhibée en Europe comme un vulgaire objet de curiosité pour son large postérieur, d’où le surnom de « Vénus hottentote ».

Qu’on se souvienne de la Mulâtresse Solitude, née vers 1772 en Guadeloupe et morte le 29 novembre 1802 sur la même île. Figure historique de la résistance des esclaves noirs et mulâtres luttant contre le rétablissement de l’esclavage, la jeune femme prénommée « Rosalie » est esclave et travaille comme employé de maison jusqu’à l’abolition en 1794 avant de prendre part à la lutte contre le rétablissement de l’esclavage par Napoléon en 1802, alors même qu’elle est enceinte. Capturée, elle sera pendue le lendemain même de son accouchement.

Qu’on se souvienne de Rosa Parker, cette afro-américaine, icône du mouvement des droits civiques. Son refus de céder sa place dans un bus amène au boycott de la compagnie de transport pour lutter contre la ségrégation contribuant ainsi de manière remarquable à une évolution substantielle du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis.

Qu’on se souvienne de Katherine Johnson, l’ingénieure de la Mission Apollo 11 et de toutes ces anonymes qui ont contribué et contribuent de par leurs combats de vie au quotidien à une société plus juste envers les femmes autant qu’avec les hommes.

Femme Noire, Femme Africaine, O toi ma mère…, pour ne pas aller plus loin dans cette poésie de Léopold Sédar Senghor, c’est à vous qu’asakan.art, ancien-nouveau venu dans les kiosques numériques, dédie cette première quinzaine pour votre destin si singulier, votre vie et votre existence O combien précieuse car, si on veut que les féminicides, viols, abus de genre et autre s’arrêtent, il est temps de faire d’une égalité femme-homme davantage qu’un slogan.

Article publié pour la première fois en mars 2021.

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