Dessiner un recueil intimiste d’animaux de la savane africaine sous forme de livre d’art en noir et blanc, réaliser des peintures sur la liberté dans une féerie de couleurs, faire des affiches illustrées pour par exemple le Carnaval très connu de Nice ou la Journée de l’Europe, mettre des mots et en particulier un poème derrière chacune de ses créations, tels sont les grands traits du travail d’Elodie Avati. Par cette multitude de déclinaisons mêlant arts visuels et narration poétique, l’artiste et autrice-illustratrice française entend repousser les limites de l’imaginaire et toucher le cœur du spectateur sur des sujets humanistes et la nature.
Elle est notre Coup de Cœur.
Asakan : Pour commencer notre entretien, pouvez –vous vous présenter ?
L’Artiste : Question difficile quand on a dix métiers et un caractère voyageur comme le mien ! Je m’appelle Elodie Avati, je suis née en Afrique et j’ai beaucoup voyagé de par le métier de mes parents.
Mon enfance a été bercée et nourrie par les différences, les couleurs et la tolérance ! Je me souviens que ma mère mettait toujours une assiette supplémentaire pour l’invité surprise, destinée à l’humain dans le besoin qui passerait par-là 😉 Aujourd’hui… Et encore moins qu’avant, je ne tolère l’injustice ; mon art est de fait de plus en plus engagé : expositions à partir de mes œuvres de peintre et de plasticienne avec mises en scènes sur des thèmes précis : la nature, les animaux sauvages d’Afrique et d’ailleurs, les mers et les océans, les autres peuples et leur courage, leurs valeurs, leurs cultures merveilleuses…La place de la femme et de l’enfant dans le monde, selon les pays aussi.
J’aime aussi mettre en beauté ce qui l’est déjà car je pense de plus en plus que ce qui est déjà beau motivera l’espèce humaine à le préserver 😊 Les fleurs, les enfants, les différences et leur complémentarité.
Sinon, je suis également orthophoniste, de premier métier, et romancière.
J’écrivais mon premier livre quand j’avais 7 ans, j’attendais mes parents dans une voiture entourée de baobabs et de latérite ! J’ai trouvé sur la banquette arrière 2 feuilles assez sales de papier et un bout de ficelle qui trainait là ! J’ai alors écrit ma première histoire car ma mère laissait toujours trainer un crayon, puis j’ai fait des trous dans les 2 feuilles après les avoir chacune découpé à la main en 4, avec la mine du même crayon. Puis j’ai relié mon tout petit livre avec la ficelle, et je l’ai illustré succinctement ! J’ai toujours aimé écrire et dessiner…Et mettre des couleurs et du relief !
C’est pour cette raison aussi, et mon amour des enfants… que je suis devenue autrice-illustratrice !
J’ai cru longtemps que je devais choisir un seul métier, revenir en France pour y vivre ne m’a pas aidée à croire le contraire ! Mais aujourd’hui j’ai « grandi » et tous mes métiers s’enrichissent en se complétant sans cesse : l’orthophonie et l’art pour transmettre et créer avec les enfants, un métier qui me passionne et me remplit de joie comme de sens profond.
Je dessine, je peins et j’allie même la poésie à mes tableaux très souvent.
J’adore créer aussi sur commande…J’ai ainsi réalisé des affiches pour la ville de Nice, exposées sur la place publique, à l’occasion des grandes manifestations comme le jazz l’été, le carnaval l’hiver, l’arrivée du tour de France récemment. J’aime la surprise, être contrainte de m’adapter, et sans jamais oublier de transmettre des émotions.
Asakan : Quelle définition faites-vous de l’art ? Comment percevez-vous l’art contemporain ?
L’Artiste : L’art selon moi est une arme de PAIX ; il est merveilleux car il peut rester silencieux et chacun peut alors mettre des mots sur le regard qu’il pose sur une œuvre ; l’écriture doit alors selon moi s’effacer… L’art peut sauver en proposant d’autres chemins possibles d’existence, et l’art peut fédérer au-delà des différences de ce monde. L’art devrait décomplexer et autoriser !
Quant à l’art contemporain plus précisément, il peut également revêtir différentes formes… Mais qui selon moi ont le mérite de « moins » enfermer l’artiste comme le spectateur, rendant plus accessible encore une autre vision du monde et des hommes. Je pense que l’art contemporain permet en définitive plus de libertés « réciproques ».
Elodie Avati, Tryptique sur le thème de la joie et de la liberté – EXPO GRASSE – Galerie Julie Dalloz à Grasse – Février 2025 Courtesy de l’Artiste
Asakan : Quand avez-vous su que vous consacriez votre vie à l’art ?
L’Artiste : Si se consacrer à l’art et y consacrer sa vie est l’art d’aimer et de rejoindre les autres…Alors oui je l’ai voulu dès que j’ai eu une conscience et que je mélangeais déjà étant petite fille les pigments des plantes pour en faire des couleurs !
Asakan : En tant qu’artiste, comment décririez-vous votre art ? Comment êtes-vous parvenu à la finalisation de votre empreinte ?
L’Artiste : Je pense que mon art est multiforme et engagé ! Je mets la matière et mon écriture au service de mon cœur pour les autres et transmettre un message, toujours !
Je ne pense pas laisser une empreinte avec un style en particulier, je n’aime pas les « cases » et mon goût de l’expérimentation comme du voyage se transpose jusqu’à ma façon d’exercer mon art. Je suis une chercheuse et j’adore livrer les trouvailles que je récolte, psychologiquement mais aussi matériellement ! Les matériaux que je ramène de mes voyages sont très divers, je ne m’interdis aucun support et j’imagine toujours des scénarios pour de futures expos, comme j’écris des histoires ! Sans fin peut-être, mais dont on peut imaginer la suite…
Asakan : Quelles sont vos inspirations artistiques, vos influences ? Les thèmes et émotions que vous essayez de transcrire dans vos œuvres ?
L’Artiste : Mes premières inspirations sont sans conteste les couleurs, les matières et les paysages si forts en émotions des terres de mon enfance ! Je me rappelle que le soleil m’éblouissait tellement que ma mère avait dû m’acheter très petite des lunettes de soleil, pour que je puisse observer plus longtemps le monde qui m’entourait ! Plantes, animaux et humains compris.
Quant aux valeurs qui me transportent jusqu’au fait que je veuille les coloriser et les coucher sur papier, en faire des toiles sou des tableaux… Elles sont très claires : les femmes, les enfants, la nature à laquelle nous devons tout ! Mais si une cause plus spécifique me touche je fonce aussi ! Je propose alors un projet à une galerie, un collectif d’artistes… J’aime rebondir, improviser, suivre la vie… et être son élève pour la servir.
J’aime beaucoup aussi m’inspirer de chansons, de musiques ou musiciens étrangers. Mettre en peinture la mélodie c’’est très intéressant selon moi, et c’est un travail que je compte faire également approfondir à l’avenir.
Sinon, quelques grands dessinateurs, peintres, graffeurs m’inspirent…Mais pas plus en définitive que de talentueux artistes encore dans l’ombre malheureusement.
Et je ne dois pas sûrement pas oublier de citer l’art de rue et dans la rue ! C’est une source inépuisable d’inspiration pour moi, autant que l’est le spectacle de la nature ou ses sons fabuleux.
J’aime d’ailleurs m’inspirer de tous le sens qui nous sont offerts.
Technique mixte + Poème Courtesy de l’Artiste
Ce tableau sélectionné pour la grande expo d’art international à Paris,
qui a eu lieu en février 2024 au Grand Palais éphémère.
Œuvre en encre et aquarelle exposée au Musée d’Art Naïf, Nice
Courtesy de l’Artiste
Elodie Avati, « Le Magnifique (Negresco) », « Massena et son Tram » et « Sentier du Littoral », novembre 2021. Aquarelles à l’encre de chine et colorisation au pastel ou à l’encre de couleur Courtesy de l’Artiste
Courtesy de l’Artiste
d’Elodie Avati, au dos duquel un poème est écrit. Courtesy de l’Artiste
Courtesy de l’Artiste
Elodie Avati, Affiches réalisées pour le Carnaval de Nice et pour la Journée de l’Europe Courtesy de l’Artiste
Et je compte élaborer une série tant visuelle que sonore et olfactive pourquoi pas 😉
Asakan : Quel est le regard porté sur votre travail par le public ? Par le milieu artistique ?
L’Artiste : Etonné ! Réjoui ! En besoin d’explications souvent ! Mais je ne montre mon travail que depuis 2-3 ans, et en plus ponctuellement, je pense donc que je n’ai pas assez de recul pour témoigner de réactions extérieures ! Ce que je sais par contre c’est que mon activité est en plein essor, je la pense prometteuse et joyeuse car je n’en attends rien et qu’à chaque fois que j’ai montré et exposé cela a été très positif pour moi, au-delà de ce que j’aurais pu imaginer à mon tour.
Quant au milieu artistique…je suis un électron libre 😉
Asakan : Quels conseils aimeriez-vous transmettre à d’autres jeunes désireux de se lancer dans l’art ?
L’Artiste : Foncez mais gardez les pieds sur terre ! L’art permet de nourrir le cœur et l’âme mais pas forcément le corps ! En tous cas pas aux débuts, en général bien sûr … Et c’est pour cette raison qu’il est très délicat aussi de conseiller. Chacun sa vie, chacun son chemin ! Mais une chose est certaine pour moi : la vie sans l’art ce n’est plus la vie, elle perd ses couleurs ; et je crois que chaque humain peut faire de sa vie une œuvre d’art quoiqu’il en soit, car nous sommes tous faits pour créer, imaginer, transformer, fédérer et embellir ! Et puis l’art…, c’est aussi danser, chanter, jouer un instrument, une pièce de théâtre…Et puis l’art ça peut aussi se regarder…Et ça c’est déjà un bon début quand on a peur de se lancer !
Pour plus d’informations sur le travail d’Elodie AVATI,
La Rédaction.
