Coup de Cœur avec l’Artiste Plasticienne Togolaise Elotodé Sokpoh

Le travail de l’artiste plasticienne et peintre togolaise Elotodé Sokpoh invite, depuis près d’une décennie, le spectateur à un dialogue entre l’essentiel et le superflu, les normes sociétales et les dynamismes familiales dysfonctionnelles. Non pas sur un ton accusateur, mais comme une tentative de mettre en lumière les vérités non dites qui façonnent les comportements sociaux.

Elle est notre Coup de Cœur.


Elotodé Sokpoh

Asakan : Pour commencer notre entretien, pouvez–vous vous présenter ?

L’Artiste : Je m’appelle Elotodé Sokpoh, je suis une artiste plasticienne togolaise. Je travaille et vis à Lomé.


Asakan : Quelle définition faites-vous de l’art ? Comment percevez-vous l’art contemporain ?

L’Artiste : L’art, pour moi, c’est la vérité du cœur pour le cœur, ce qui touche tellement qu’on ne peut pas ne pas dire ou ne pas ressentir.

L’art contemporain est un champ très vaste que je continue moi-même à découvrir. Il m’offre une liberté et une possibilité incroyables pour explorer, déconstruire, reconstruire, et dialoguer avec le monde.


Asakan : Quand avez-vous su que vous consacriez votre vie à l’Art ?

L’Artiste : Ce n’était pas une décision brusque, mais plutôt un choix qui s’est imposé peu à peu. Très tôt, j’ai ressenti le besoin de créer, de manipuler la matière, de comprendre le monde par mes mains. Je suis passée par plusieurs étapes et, au bout de quelques années, c’est devenu une évidence : je ne pouvais pas vivre sans cette forme d’expression. Aujourd’hui, l’art m’aide à poser des questions, à relier les fragments de mon histoire personnelle à celle des autres, et c’est ce que j’ai toujours voulu.


Asakan : En tant qu’artiste, comment décririez-vous votre art ? Comment êtes-vous parvenue à la finalisation de votre empreinte ?

L’Artiste : Mon art est le reflet de ma pensée et de ma sensibilité, évidemment en considérant leurs limites. Ces dernières années, ma pratique est fortement influencée par des questions de mémoire familiale, d’identité, de territoire et de transmission.
Visuellement, c’est la somme des influences contemporaines ou classiques que j’ai pu absorber et digérer jusqu’ici.

Mon empreinte artistique n’est pas achevée, elle se construit en ce moment même. Précisément, elle s’affine à travers l’expérimentation, les succès, les échecs, les résidences, les lectures, les rencontres mais surtout à travers l’écoute de ma propre histoire et des récits qui m’ont été transmis.


Asakan : Quelles sont vos inspirations artistiques, vos influences ? Les thèmes et émotions que vous essayez de transcrire dans vos œuvres ?

L’Artiste : Je suis inspirée par beaucoup de choses, y compris les plus banales. Mais ces dernières années, les structures sociales telles que la famille, la grande histoire et l’actualité de l’Afrique (ses diasporas comprises), les traditions africaines, les symboles et les objets liés à la mémoire ont pris une place prépondérante dans mes créations. Ce que je cherche à transmettre, ce sont d’abord des émotions. Ensuite, de façon plus large, j’attire l’attention sur la fragilité des choses qu’on pourrait croire acquises.


Elotodé Sokpoh, « Sans Titre », 2025.
Sculpture (bois, toile de jute), 10 x 60 x 50 cm
Courtesy de l’Artiste
Elotodé Sokpoh, « Sans Titre », 2025.
Sculpture (bois, toile de jute), 10 x 73 x 50 cm
Courtesy de l’Artiste
Elotodé Sokpoh, « Sans Titre », 2025.
Sculpture (bois, toile de jute), 10 x 72 x 54 cm
Courtesy de l’Artiste
Elotodé Sokpoh, « Sans Titre » Série Fomenya, 2024.
Acrylique sur toile, 55 x 45 cm
Courtesy de l’Artiste
Elotodé Sokpoh, « Sans Titre » Série Fomenya, 2024.
Acrylique sur toile, 80 x 70 cm
Courtesy de l’Artiste
Elotodé Sokpoh, « Sans Titre » Série Fomenya, 2024.
Acrylique sur toile, 80 x 70 cm
Courtesy de l’Artiste

Asakan : Quel est le regard porté sur votre travail par le public ? Par le milieu artistique ?

L’Artiste : Je ne saurais répondre avec exactitude. Mon travail, c’est de dire ce qui me traverse, d’être sincère. Le reste, je n’y accorde pas trop d’importance.

Dans le milieu artistique, les résidences comme Artméssiamé et la Villa Karo ont manifesté un intérêt pour mon travail et m’ont offert des cadres de recherche féconds. J’en suis très reconnaissante et je continue de faire le nécessaire pour que cela se poursuive ailleurs.


Elotodé Sokpoh, « Family Memory », 2025. Jute sculpture station.
Travail réalisé durant la résidence à la Villa Karo / Grand-Popo, Bénin
Courtesy de l’Artiste

Asakan : Quels conseils aimeriez-vous transmettre à d’autres jeunes désireux de se lancer dans l’art ?

L’Artiste : Je leur dirais : écoutez votre voix intérieure. Soyez patients avec votre processus. Lisez, observez, expérimentez, échouez, recommencez. Et surtout, croyez que ce que vous avez à dire a de la valeur.

Pour plus d’informations sur le travail d’Elotodé Sokpoh,

La Rédaction.

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