Fille de l’Artiste plasticien Momar Ndoye, Fatou « Mom’art » a choisi cette signature pour rendre hommage à son père qui non seulement a été son Professeur à l’école nationale des arts de Dakar mais son mentor dans le monde de l’art. Elle vit entre sa ville natale Dakar et principalement dans le Sine Saloum. C’est peut être la raison pour laquelle elle se fait rare sur la scène artistique sénégalaise au profit des enfants du secondaire à qui elle enseigne l’éducation artistique. Pourtant, en travaillant principalement avec les formes de son environnement proche, elle plonge le spectateur dans une relation profonde à la nature.
Coup de Cœur.

Asakan : Pour commencer notre entretien, pouvez –vous vous présenter ?
L’Artiste : Je m’appelle Fatou Ndoye, mon nom d’artiste est Fatou Mom’art. Je suis artiste plasticienne en même temps professeur d’éducation artistique.
Je suis née et j’ai grandi à Dakar où j’ai fait ma formation à l’Ecole Nationale des Arts (ENA), promotion 2006-2010. À ma sortie, j’ai été affectée à Sédhiou, en Basse Casamance pour enseigner l’éducation artistique à des élèves du niveau secondaire. Cinq ans plus tard, je me retrouve à Joal dans le Sine Saloum à partager cette même passion à de nouvelles générations.
Asakan : Quelle définition faites-vous de l’art ? Comment percevez-vous l’art contemporain ?
L’Artiste : L’Art est le canal par lequel on passe pour exprimer notre sensibilité, nos idées afin d’interagir et concrétiser nos pensées. Le produit final est la quintescence de notre humanité, ce que nous sommes vraiment et ce qu’on a envie de partager autour de nous.
L’Art Contemporain est l’art de notre époque. Il permet de transcender tous les codes et donne à l’artiste le pouvoir d’exprimer librement sa philosophie à travers ses créations et ses réflexions. Dans un contexte de village planétaire, mais aussi d’un monde qui se déshumanise de plus en plus, l’art peut-être un moyen efficace de connecter les êtres humains.
Asakan : Quand avez-vous su que vous consacriez votre vie à l’art ?
L’Artiste : J’ai toujours été une passionnée des arts depuis l’enfance grâce à mon père qui est artiste plasticien et était professeur à l’Ecole Nationale des Arts de Dakar. J’ai ainsi grandi en le voyant peindre tout le temps. Le déclic est venu juste après l’obtention de mon Baccalauréat quand j’ai fait le concours de l’ENA et que je suis sortie deuxième sur la liste des admis. Je me suis dit, Fatou c’est ton destin !
Asakan : En tant qu’artiste, comment décririez-vous votre art ? Comment êtes-vous parvenue à la finalisation de votre empreinte ?
L’Artiste : Je décrirais l’art que je fais comme une source de motivation pour le monde à s’interroger sur ce qui nous entoure , à être plus regardant sur les potentiels qui nous sont offerts, qui sont là tout près de nous et qu’on a tendance à oublier pour aller chercher loin: TOUT est là, il suffit d’ouvrir les yeux et d’écouter son cœur.
Pour ce qui concerne mon écriture, au cours de la formation, on est généralement en apprentissage de technique mais au final on recherche tous une empreinte personnelle. Je pense que je suis toujours dans cette quête, ce qui donne d’ailleurs l’essence à la recherche plastique.

Cartons, plastiques transparents, acrylique et collage sur toile, 80 x 80 cm Courtesy de l’Artiste

Collage, acrylique et gouache sur papier bristol avec cadre et verre, 86 x 63 cm Courtesy de l’Artiste

Collage plastique et gouache sur papier bristol avec cadre et verre, 50 x 35 cm Courtesy de l’Artiste
Asakan : Quelles sont vos inspirations artistiques, vos influences ? Les thèmes et émotions que vous essayez de transcrire dans vos œuvres ?
L’Artiste : Je m’inspire de mon environnement proche, de la force de la nature et de ce qu’elle nous procure comme énergie. Je n’écarte pas non plus la méditation qui me pousse à puiser dans mon for intérieur pour ensuite créer et partager cette création.
L’étude des matériaux que j’exploite me permet de transformer et de détourner les objets de leur fabrication initiale pour leur donner une seconde vie.
Par rapport à mes recherches sur les Abris de fortune, j’ai trouvé intéressant de revenir sur les méthodes de construction qui confèrent une richesse plastique. Ces abris constituent en même temps notre décor urbain. De par ses accumulations, superpositions d’objets et encombrement, on découvre une nouvelle lecture plastique dans sa morphologie, structures et enveloppes.

Assemblages et accumulation de fil de fer galva, de fil de fer fin, cartons, sacs d’oignons et plastiques,
24 x 12 x 20 cm Courtesy de l’Artiste

Ligatures et assemblages de feuilles de cocotier, de fil de fer galva et de fil de fer fin, 60 x 63 cm
Courtesy de l’Artiste

Assemblage et attaches de fil de fer galva et de fil de fer fin, 70 x 60 cm
Courtesy de l’Artiste

Assemblage et attaches de grillage, de fil de fer galva, de fil de fer fin, de papier mâché et d’ocre,
60 x 75 cm Courtesy de l’Artiste
Asakan : Quel est le regard porté sur votre travail par le public ? Par le milieu artistique ?
L’Artiste : Il ne m’est pas évident de savoir exactement le regard porté par le public et le milieu artistique sur mon travail car c’est assez mitigé, d’autant plus que les goûts et les couleurs différent selon chaque personne, mais ce qui est sûr, c’est qu’on a cette soif, cette envie de défendre notre travail, nos idées et surtout de les partager avec le monde.
Asakan : Quels conseils aimeriez-vous transmettre à d’autres jeunes désireux de se lancer dans l’art ?
L’Artiste : Je leur dirais d’y aller de leur saoul car chaque artiste est unique et chacun à son mot à dire et à apporter sa pierre à l’édifice. La SOMME des créations ne fera qu’ajouter un peu plus à la richesse du monde.
Je remercie Asakan art pour le coup de Cœur sur mon travail, la confiance à mon égard, et surtout pour le professionnalisme dont vous faites montre. Je vous souhaite un plein de succès et que vos actions impactent davantage la communauté artistique africaine et mondiale !
Pour plus d’informations sur le travail de Fatou Mom’art,
- Son compte Instagram.
La Rédaction.