Formée dans les ateliers de l’Association Futur’Art, un collectif d’artistes qui œuvre pour la formation et la promotion des jeunes, et auprès de l’artiste Maurice Pégoué après un diplôme de Licence en Lettres obtenue à l’Université de Douala, Bienvenue Fotso (née en 1989 à Bandjoun) développe un travail qu’elle intitule « Archi-Paysages ». Un appel à l’urgence pour l’homme à se reconnecter à la nature.
Coup de Cœur.

Asakan : Pour commencer notre entretien, pouvez-vous vous présenter ?
Bienvenue Fotso : On m’appelle Bienvenue Fotso, artiste visuelle qui vit et travaille à Douala au Cameroun.
Asakan : Quelle définition faites-vous de l’art ? Comment percevez-vous l’art contemporain ?
Bienvenue Fotso : L’art selon moi est l’expression profonde de qui on est au contact de la réalité que l’on vit. Et donc l’art contemporain peut être l’expression d’une volonté d’exister, de marquer son temps, un questionnement, des idées, une perception de la réalité ou de comment on voudrait qu’elle soit par le prisme de divers média.
Asakan : Quand avez-vous su que vous consacreriez votre vie à l’art ?
Bienvenue Fotso : Il n’y a pas forcément eu un moment ‘T’où j’ai su que je consacrerai ma vie à l’art … En fait, je ne me suis pas posée la question de cette façon… ; je suis beaucoup plus dans le ressenti et cela a été une prise de conscience progressive. J’ai juste le sentiment que je réponds à un appel, à un besoin…une découverte progressive de qui je suis.
Asakan : En tant qu’artiste, comment décririez-vous votre art ? Comment êtes-vous parvenue à la finalisation de votre empreinte ?
Bienvenue Fotso : Mon écriture que je nomme »Archi-paysage » prend corps sous la forme d’une banque d’écorces, de feuilles, de racines, bref de plantes qui me permettent d’évoquer très poétiquement les destins multiples et liés entre l’Homme et les forêts afin d’explorer la nature dans son ensemble. Ainsi, dans un style abstracto-figuratif, l’architecture est travaillée en couche d’aplats à la peinture acrylique sur laquelle peuvent se superposer paysage, plantes et tout autre élément qui concourent à apporter du sens au sujet central.
Par contre, je ne parlerai pas de ‘finalisation’ de mon empreinte, je dirais plutôt que c’est un cheminement qui ne s’arrête pas dans le temps. Car je pense que le travail de l’artiste évolue, grandit, se transforme au fil des découvertes, des contacts et relations avec divers environnements et personnes… Et donc mon travail qui tire aujourd’hui son essence dans une quête personnelle s’affine au fil de mes découvertes, lectures, discussions et de la vision qui s’impose à moi.

Courtesy de l’Artiste.

Courtesy de l’Artiste.

Courtesy de l’Artiste.
Asakan : Quelles-sont vos inspirations artistiques, vos influences ? les thèmes et émotions que vous essayez de transcrire dans vos oeuvres ?
Bienvenue Fotso : Mes inspirations, influences sont assez diverses. Au-delà des rites et traditions de mon pays et des pays que je découvre au fil de mes résidences qui demeurent une profonde source d’inspiration, il y a les artistes. Je commence par le camerounais Tchinda Maurice de qui je retiens la notion de superposition des éléments, ce qui m’a permis de pouvoir travailler mes compositions sur plusieurs plans sans peur de saturer.
Je vais également parler d’Henri Matisse avec sa belle maitrise de la langue expressive des couleurs, la composition ayant justement une place importante dans mon travail ; un peu pareil avec Wassily Kandinsky et sa fonction expressive propre de la couleur et surtout son attachement à la représentation des éléments constructifs d’un objet. Je finirais peut-être avec Andy Warhol, de qui me vient l’aspect pop de mon travail.
Bien entendu les sources d’inspirations et les influences ne s’arrentent pas dans le temps.
Parlant des thèmes, on a la communauté de destin entre l’Homme et la Nature, la valorisation, préservation et transmission du patrimoine médicinal des plantes d’ici et d’ailleurs…
Pour ce qui est des émotions, je parlerai davantage du ressenti comme l’apaisement à la base, de ce côté ‘rassurant’ que je souhaite déclencher, l’amour pour les plantes et la Nature dans son ensemble… Mais je laisse la porte grande ouverte à l’inattendu, car selon moi, l’émotion réelle d’une œuvre nait dans le regard ou le cœur de celui ou celle qui la regarde.

Courtesy de l’Artiste.

Courtesy de l’Artiste.

Courtesy de l’Artiste.

Courtesy de l’Artiste.
Asakan : Quel est le regard porté sur votre travail par le public ? Par le milieu artistique ?
Bienvenue Fotso : Je ne sais pas si je suis bien placée pour le dire… Les retours que j’ai souvent, ce sont des questionnements par rapport aux thèmes et beaucoup plus à l’aspect technique du travail (sur comment j’arrive à ce tel niveau de justesse coté tracé et aplats) ; un regard admiratif et séduit pour d’autres. Et au-delà des félicitations et encouragements que je reçois dans le milieu artistique, il y a des observations et des critiques constructives qui me permettent de me remettre en question…

Asakan : Quels conseils aimeriez-vous transmettre à d’autre jeunes désireux de se lancer dans l’art ?
Bienvenue Fotso : Au regard de mon expérience personnelle et des leçons que je tire au fil de mon évolution dans le milieu artistique, je dirai aux plus jeunes qui veulent se lancer que le talent ne suffit pas ; que ce métier est très exigeant, qu’il nécessite beaucoup de patience, de travail et de discipline sur la durée ; qu’il est important d’affiner son authenticité sans avoir peur de sortir de sa zone de confort question d’explorer de nouvelles techniques ; et surtout de bien s’entourer, de s’ouvrir au monde afin d’élargir son horizon créatif.
Merci de m’avoir donné la possibilité de parler de moi et merci pour le magnifique et laborieux travail que vous abattez au quotidien.
Tous mes encouragements !
Pour plus d’informations sur le travail de Bienvenue Fotso,
- Son compte Instagram.
La Rédaction.