Coup de Cœur avec l’Artiste Plasticien Sénégalais Daouda Niane, dit Uda

Uda n’est pas seulement un artiste exceptionnel. C’est un poète visuel qui explore, depuis plus de 15 ans, les croisements entre nature, individualité et tissu social, en revenant toujours à ces vérités discrètes qui nous relient : la beauté intemporelle de la création et notre commune humanité. Dans ses œuvres lumineuses, l’acrylique se mêle à l’encre, au design graphique, au collage et aux tracés picturaux et deviennent une invite à s’arrêter, faire silence, contempler, réfléchir, résonner avec le temps présent.

Il est notre Coup de Cœur.


Daouda Niane dit Uda
Courtesy of Galerie 36

Asakan: Pour commencer notre entretien, pouvez –vous vous présenter ?


L’Artiste:
Je m’appelle Daouda Niane, dit UDA. UDA est le petit nom que ma mère m’a donné. Et c’est aussi les trois dernières lettres de mon prénom, j’ai trouvé que ça sonnait bien. Je l’ai donc utilisé comme nom d’artiste. Un peu en souvenir de ma mère.

Je suis un Artiste Plasticien qui vit et travaille à Dakar.


Asakan: Quelle définition faites-vous de l’art ? Comment percevez-vous l’art contemporain ?


L’Artiste:
Pour moi, l’art est une lucarne pour voir le monde et l’œuvre d’art est le résultat de ce voyage effectué à travers cette lucarne.

L’art contemporain est l’étape actuelle où se trouve notre discipline. A la croisée des chemins, le moment d’un décloisonnement total où la quête de sens et sa pertinence l’emporte sur la nécessité de l’esthétique.


Asakan: Quand avez-vous su que vous consacriez votre vie à l’art ?


L’Artiste:
Je ne dissocie pas ma vie et l’art et aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours réinterprété de façon esthétique tout ce qui m’entoure : objets, sons, idées, sans savoir que je faisais de l’art. Le besoin d’interroger, de manipuler, de transformer, de donner corps à des idées, des émotions a toujours été un état d’esprit pour moi.  L’ art est mon compagnon, ma torche pour éclairer mon chemin et laisser des traces.


Daouda Niane dit Uda « Meeting Nature | Rencontrer la Nature ».
Ink and marker on paper, 55.9 x 48.3 cm
Courtesy of Gallery 36

Asakan: En tant qu’artiste, comment décririez-vous votre art ? Comment êtes-vous parvenu à la finalisation de votre empreinte ?


L’Artiste :
Question difficile… Mon travail est une exploitation de la ligne, du trait pour décliner toute une palette d’expressions. Le trait qui sort du bout de mon pinceau pour créer des lignes orientées de manière inconsciente, mais qui trouveront toujours un point de chute favorable à l’expression d’émotions ou sentiments souvent enfouis.

Ma démarche est d’abord intuitive. Le travail s’organise en se faisant. Ainsi, la composition, le choix des couleurs s’incrustent dans mes œuvres naturellement au fur et à mesure que le travail avance. Un dialogue permanent entre l’œuvre en gestation et moi.

Mon empreinte s’est établie très naturellement. La répétition dans l’exercice a créé une fluidité entre moi, l’outil, et le support. Ça devient comme un moyen de locomotion dont on maîtrise l’utilisation pour emprunter des chemins toujours surprenants.


Asakan: Quelles sont vos inspirations artistiques, vos influences ? Les thèmes et émotions que vous essayez de transcrire dans vos œuvres ?


L’Artiste:
Toutes ces choses ou événements qui ont influencé mon art sont nombreux. Mais ils se croisent et se mélangent en moi. Je suis né et j’ai  grandi à Dakar. Cette région a connu une influence culturelle orientale et occidentale qui s’ajoute sur un socle culturel wolof. Le graphisme que je fais a une influence orientale certainement.

Mes sources d’inspiration sont mes pensées, mes rencontres, les choses aux formes vivantes ou mortes que je croise en marchant. Mais s’il y a un courant artistique qui m’a vraiment influencé c’est l’art brut. Cette vision de l’art iconoclaste qui va au-delà des conventions et normes académiques, qui laisse à l’artiste la liberté de choisir son terrain de jeu, peu importe lequel et d’en créer les règles.

Mon travail parle en général de la relation inter-espèces occupant la Terre et leurs effets sur l’environnement, le cadre de vie et les relations sociales. J’essaie d’apporter avec mon œuvre un sentiment de résilience et d’espoir qu’en regardant les choses différemment, en  écoutant les voix faibles, il sera possible de mieux faire. Pour un mieux être collectif.


Daouda Niane dit Uda « Meeting Nature | Rencontrer la Nature ».
Ink and marker on paper, 48.3 x 55.9 cm
Courtesy of Gallery 36

Daouda Niane dit Uda « Meeting Nature | Rencontrer la Nature ». Mixed Media (Ink and marker on paper) & (Charcoal and acrylic on paper), 33 x 44.5 cm / 52.1 x 39.4 cm Courtesy of Gallery 36

Daouda Niane dit Uda « Meeting Nature | Rencontrer la Nature ». Charcoal and acrylic on paper, 52.1 x 39.4 cm x 2. Courtesy of Gallery 36

Daouda Niane dit Uda « Meeting Nature | Rencontrer la Nature ». Ink and marker on paper & Charcoal and acrylic on paper, 35.6 x 48.3 cm / 52.1 x 39.4 cm Courtesy of Gallery 36


Asakan: Quel est le regard porté sur votre travail par le public ? Par le milieu artistique?

L’Artiste:
Souvent le public me dit que mon travail ne ressemble pas au travail d’un africain (rires). Cet à quoi je réponds souvent que “le message est plus important que le messager !

Le milieu artistique ! Ma plus grande fierté ! Honnêtement ! En tant qu’artiste autodidacte, j’ai très tôt eu la reconnaissance de mes pairs et aînés ! Ce qui m’a vraiment encouragé. Le milieu dit que j’ai réussi à développer une démarche particulière, à avoir une empreinte remarquable. Et c’est le rêve de tout artiste il paraît.


Asakan: Quels conseils aimeriez-vous transmettre à d’autres jeunes désireux de se lancer dans l’art ?

L’Artiste: Déjà, on ne se lance pas dans l’art. A mon avis, on est d’abord dans l’art sans le savoir. Une fois que l’on sent cette chose qui frémit en soi, ce besoin d’ expression différente que l’on n’arrive pas à définir, là seulement, on se lève et on cherche à trouver son chemin. Une quête longue, de toute une vie. Une quête qui demande de la patience et de la compréhension. Pour éviter ce conflit qui peut être source de frustrations et de découragement, conflit entre l’artiste en soi et soi-même, il faut aimer son art. Le respecter. Et ne pas se comparer à quelqu’un autre. Il y a autant d’arts que d’artistes.

Pour plus d’informations sur le travail de Daouda Niane, dit Uda,

Dans le cadre de l’exposition « Meeting Nature / Rencontre avec la Nature » de Daouda Niane, dit Uda, à la Galerie 36, Yoff Virage, à Dakar, au Sénégal, la Galerie organise une conférence autour du travail de l’artiste le jeudi 31 juillet 2025 de 19h à 20h30.

Plus d’informations et RSVP, en cliquant sur ce lien !

La Rédaction.

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