Coup de Cœur avec l’Artiste Peintre Sénégalais Mame Cheikh

Né Cheikh  Seye Ngom à Dakar en 1981, Mame Cheick est un artiste peintre encore très peu connu du grand public. Pourtant, il offre, par son imagination fertile et son savoir-faire alliant acrylique et mix media, une multitude de déclinaisons picturales aux couleurs éclatantes et aux formes dynamiques bien affirmées. Une oeuvre narrative au service de l’histoire cosmopolite de sa ville natale, Dakar, où personnages du quotidien se côtoient entre tradition et modernité aux cris des Salam Aleykoum.

Coup de Cœur.

Mame Cheikh Crédit Photo: DR.

Asakan: Pour commencer notre entretien, pouvez-vous vous présenter ?

Mame Cheikh: Je m’appelle Mame Cheikh. Je suis artiste peintre autodidacte et professeur d’activités manuelles dans une école primaire. D’origine Lébou et Sérère, je suis né et j’ai grandi à Dakar, et je vis actuellement à Ouakam, dans la cité Asecna.


Asakan: Quelle définition faites-vous de l’art? Comment percevez-vous l’art contemporain?

Mame Cheikh: Pour moi, l’art est une expression libre et universelle qui évolue avec le temps et les générations. L’art contemporain est une continuité de cette dynamique, intégrant de nouvelles idées et inspirations issues d’une époque différente. Il s’exprime sous de multiples formes et ne connaît pas de limites.


Asakan: Quand avez-vous su que vous consacreriez votre vie à l’art ?

Mme Cheikh: Depuis mon enfance, j’ai toujours su que l’art ferait partie intégrante de ma vie. J’ai commencé avec le dessin, reproduisant des images, des objets et des personnages au crayon à papier, en travaillant avec une seule couleur. Petit à petit, j’ai développé ma propre expression en créant mes propres compositions.

Un jour, alors que je dessinais, un groupe de voyageurs étrangers m’a remarqué et m’a offert de l’aquarelle. Ce fut une révélation pour moi : grâce à cette découverte, j’ai commencé à expérimenter la peinture sur du papier Canson. Par la suite, j’ai exploré d’autres supports, notamment le tissu, qui est devenu un élément clé dans mes œuvres actuelles.

En parallèle de mon activité artistique, j’ai eu l’opportunité d’intégrer l’Olympique Club, où je travaillais sur des projets créatifs. Mon travail a attiré l’attention de la gérante du club, qui m’a mis en relation avec la directrice de l’Ecole primaire Amadou et Bineta de à Sacré Coeur, à Dakar. Cette dernière recherchait un professeur pour initier les enfants aux travaux manuels, une discipline qui était jusqu’alors absente du programme. C’est ainsi que tout a commencé. Enseigner m’a permis de transmettre ma passion aux plus jeunes, de les sensibiliser à l’importance de la création et du travail manuel. Ce rôle me nourrit également en tant qu’artiste, car il me pousse à explorer de nouvelles techniques et à renouveler constamment mon regard sur l’art.


Asakan: En tant qu’artiste, comment décririez-vous votre art? Comment avez-vous développé votre style?

Mame Cheikh: Mon art oscille entre le figuratif et l’abstrait, avec une attention particulière portée aux détails et à la richesse des couleurs. Je travaille beaucoup la texture et la profondeur pour donner à mes œuvres une dimension vivante et immersive. Chaque toile est ainsi un dialogue entre des formes précises et des éléments plus libres, qui laissent place à l’interprétation du spectateur.

Mon style s’est affirmé au fil du temps grâce à une recherche constante et une observation attentive de mon environnement. J’ai toujours été fasciné par la capacité des couleurs et des formes à raconter des histoires.


Mame Cheikh, « Café Touba ».
Acrylique et mix média sur toile, 100 x 100 cm
Courtesy de l’Artiste.
Mame Cheikh, « Car Rapide ».
Acrylique et mix média sur toile, 60 x 60 cm
Courtesy de l’Artiste.
Mame Cheikh, « Le Vendeur ». Acrylique et mix média sur toile, 50 x 60 cm
Courtesy de l’Artiste.

Asakan: Quelles sont vos inspirations et influences artistiques ? Quels thèmes et émotions cherchez-vous à transmettre ?

Mame Cheikh: Mes principales sources d’inspiration sont la nature – l’eau, la végétation, le ciel – ainsi que la culture Lébou qui m’entoure au quotidien, tout en y ajoutant une touche onirique. J’aime aussi mettre en lumière le travail des femmes, en particulier les vendeuses de poissons et les marchandes de rue, véritables piliers de notre société. 

Mes œuvres racontent des histoires de résilience, de labeur et de courage, en mettant en avant la réalité du secteur informel et la force des femmes qui en sont les actrices principales.

Une manière pour moi d’offrir un voyage visuel, une invitation à explorer des univers vibrants et dynamiques. Des fragments de vie. Et, à mettre en lumière la beauté du monde.


Mame Cheikh, « Liggey ». Acrylique et mix média sur toile, 50 x 70 cm
Courtesy de l’Artiste.
Mame Cheikh, « Marché Légumes ». Acrylique et mix média sur toile, 40 x 40 cm
Courtesy de l’Artiste.
Mame Cheikh, « Le Retour ». Acrylique et mix média sur toile, 60 x 60 cm
Courtesy de l’Artiste.
Mame Cheikh, « Les Nomades ». Acrylique et mix média sur toile, 50 x 70 cm
Courtesy de l’Artiste.

Asakan: Comment votre travail est-il perçu par le public et par le milieu artistique ?

Mame Cheikh: Mon travail est généralement bien accueilli par ceux qui le découvrent. Cependant, dans le monde de l’art, la notoriété joue un rôle important. Être reconnu et exposé demande du temps et beaucoup d’efforts, car sans une visibilité suffisante, il est parfois difficile de vendre ses œuvres.


Asakan: Quels conseils aimeriez-vous transmettre aux jeunes artistes souhaitant se lancer?

Mame Cheikh: Mon principal conseil serait de persévérer et de ne jamais abandonner. Le milieu artistique est exigeant et semé d’embûches, mais la clé du succès réside dans la passion et la détermination. Il faut aimer ce que l’on fait, apprendre en permanence et croire en son talent.

Je vous remercie pour cet échange. 

Pour plus d’informations sur le travail de Mame Cheikh,  

La Rédaction.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *