Mylén est une artiste autodidacte passionnée, intuitive et profondément collée à ses différentes racines, qui explore les liens entre l’identité, la mémoire et l’héritage. Basée à Abidjan, son univers artistique s’inspire des masques, des rites, des émotions silencieuses et des connexions intérieures qui lient l’individu à sa culture pour créer des œuvres visuellement captivantes et dévoiler des histoires enfouies au-dedans de l’humain.
Elle est notre Coup de Cœur.

Crédit Photo : Olivia Laine Daoud
Asakan : Pour commencer notre entretien, pouvez-vous vous présenter ?
L’Artiste : Je m’appelle Mylén, artiste plasticienne autodidacte d’origine ivoiro-libanaise et française.
Mon travail explore les notions d’identité, de mémoire et d’héritage à travers la peinture. J’aime donner corps à l’invisible, aux émotions et aux récits enfouis.

Acrylique sur toile, 100 x 100 cm
Crédit Photo : Abdoul Cissé Courtesy de l’Artiste

Acrylique sur toile, 150 x 100 cm
Crédit Photo : Abdoul Cissé Courtesy de l’Artiste
Asakan : Quelle définition faites-vous de l’art ? Comment percevez-vous l’art contemporain ?
Mylén : L’art, pour moi, est un langage universel de l’âme. Il permet d’exprimer ce que les mots ne peuvent dire. C’est un espace de liberté, de guérison et de transmission. C’est ce moment où quelque chose d’indicible trouve enfin un passage vers le monde.
Quant à l’art contemporain, je le perçois comme un miroir de notre époque — complexe, multiple, hybride — où tout peut devenir support d’expression. Il me touche quand il ose être sincère, quand il ne se cache pas derrière les concepts. Il devient creux, selon moi, quand il oublie le cœur.
Asakan : Quand avez-vous su que vous consacriez votre vie à l’art ?
Mylén : Je n’ai pas choisi l’art, c’est lui qui m’a choisie depuis ma petite enfance. Dessiner et peindre, étaient des passions, qui sont devenues ensuite mon exutoire, mon moyen de comprendre le monde et de me relier à mes émotions.
J’ai su que c’était ma voie le jour où j’ai ressenti qu’une toile pouvait dire plus que ma propre voix. Ce n’est pas un jour précis, c’est une suite de moments où peindre m’a tenue debout alors que tout vacillait. Précisément, c’est en 2002 que j’ai compris que l’art ferait partie intégrante de ma vie. Cette période, marquée par la crise en Côte d’Ivoire, a été l’une des plus éprouvantes de mon existence. J’y ai connu la peur, le manque et l’incertitude, et aussi la force intérieure que donne la résilience.
La peinture est alors devenu mon refuge, mon moyen de transformer la douleur en création, de redonner du sens à ce que je vivais. C’est dans cette épreuve que mon lien à l’art s’est enraciné, comme une manière de guérir et de témoigner.
Pour moi, l’art n’est pas une carrière, mais une manière de reconstruire et de rendre hommage à ceux qui n’ont pas toujours eu la voix pour le faire.
Asakan : En tant qu’artiste, comment décririez-vous votre art ? Comment êtes-vous parvenue à la finalisation de votre empreinte ?
Mylén : Mon art est intuitif et symbolique.
J’utilise la couleur, la texture et les mots comme des passerelles entre les mondes visibles et invisibles.
Mon empreinte est née de mes contradictions, de ma dualité entre fragilité et force, entre intensité et douceur. Elle s’est façonnée au fil du temps, en acceptant ma singularité.
Ma signature : ne rien forcer, mais tout sentir. Je n’ai pas de méthode, juste des élans.

Acrylique sur toile, 150 x 100 cm
Crédit Photo : Abdoul Cissé Courtesy de l’Artiste

Acrylique sur toile, 150 x 100 cm
Crédit Photo : Abdoul Cissé Courtesy de l’Artiste
Asakan : Quelles sont vos inspirations artistiques, vos influences ? Les thèmes et émotions que vous essayez de transcrire dans vos œuvres ?
Mylén : Je m’inspire des émotions humaines : la résilience, la mémoire, la quête d’identité.
J’essaie de rendre visible la part silencieuse de l’humain, ce qui relie et transcende nos différences.
J’aime les cicatrices, les silences, les gens qui portent des histoires invisibles.
Je parle d’identité, de mémoire, de métissage — mais au fond, je parle surtout de présence : de ce qui reste quand tout s’efface.
Mes œuvres cherchent à réconcilier ce qui a été séparé : le cri et la prière, la douleur et la beauté.

Acrylique sur toile, 150 x 100 cm
Crédit Photo : Abdoul Cissé Courtesy de l’Artiste

Acrylique sur toile, 150 x 100 cm
Crédit Photo : Abdoul Cissé Courtesy de l’Artiste

Acrylique sur toile, 150 x 95 cm
Crédit Photo : Abdoul Cissé Courtesy de l’Artiste

Acrylique sur toile, 100 x 100 cm
Crédit Photo : Abdoul Cissé Courtesy de l’Artiste

Acrylique sur toile, 100 x 100 cm
Crédit Photo : Abdoul Cissé Courtesy de l’Artiste
Asakan : Quel est le regard porté sur votre travail par le public ? Par le milieu artistique ?
Mylén : Le public me dit souvent : « je ne sais pas pourquoi, mais ça me touche. » C’est la plus belle phrase qu’on puisse me dire.
Je crois que mes toiles ne cherchent pas à être comprises, mais ressenties. Car, mon travail suscite des échos personnels, comme si chaque toile racontait une histoire intime.
Le milieu artistique reconnaît dans mon approche une authenticité, une identité forte et une démarche profondément symbolique.
Asakan : Quels conseils aimeriez-vous transmettre à d’autres jeunes désireux de se lancer dans l’art ?
Mylén : Je leur dirais : osez être vrais.
Ne cherchez pas le beau, cherchez le vrai.
Ne peignez pas pour qu’on vous voie, peignez pour voir plus clair en vous.
N’attendez pas qu’on vous valide — l’art n’a pas besoin de permission.
Et surtout, ne laissez jamais la peur voler votre authenticité. C’est dans vos fissures que se cache la lumière. L’art n’est pas une compétition, c’est un dialogue intérieur.
Pour plus d’informations sur le travail de Mylén,
- Son compte Instagram.
La Rédaction.