Coup de Cœur avec l’Arkemyst Caribéen Eric Charles, dit Egzo

Artiste rare, Egzo est un alchimiste des arts d’origine haïtienne et guadeloupéenne qui vit et travaille sur l’île papillon. Dans son œuvre, il embrasse les arts plastiques, la musique, et la poésie pour apporter de l’oxygène à notre monde en sursis.

Il est notre Coup de Cœur.

Egzotéric Charles
Photo : Tsil Rah, 2022

Asakan : Pour commencer notre entretien, pouvez –vous vous présenter ?

L’Artiste : Mon nom à l’état civil est Eric Charles, mon nom d’artiste est Egzo ou Egzoteric Charles, je suis Arkemyst.

Asakan : Quelle définition faites-vous de l’art ? Comment percevez-vous l’art contemporain ?

L’Artiste : L’Art est l’articulation du vivant, l’acte naturel d’un être humain en tant qu’émanation divine. Je perçois l’art contemporain de manière pragmatique, c’est-à-dire comme l’art de notre époque.

Pour ma part, je parle d’arkemy. J’ai en effet adapté une terminologie propre qui me permet de définir ma pratique pluridisciplinaire entre la rhétorique, l’art sonore, les arts plastiques et visuels. Je me considère en quête d’une nouvelle utopie de l’œuvre d’art total.

Asakan : Quand avez-vous su que vous consacriez votre vie à l’art ?

L’Artiste : Je ne peux pas définir un moment particulier ou j’ai su que je consacrerai ma vie à l’art mais une chose est sûre pour moi, c’est que j’ai été choisi par l’Art. C’est ma mission de vie.

Asakan : En tant qu’artiste, comment décririez-vous votre art ? Comment êtes-vous parvenu à la finalisation de votre empreinte ?

L’Artiste : A l’heure où on travaille dans des boites, sort en boite pour s’amuser, consomme des aliments conservés en boite, le paquet de cigarette est pour moi un symbole car c’est la boite la plus négativement connotée dans notre société de consommation, un objet mortifère. Et, comme ne se crée, tout se transforme, je m’approprie la boite de cigarette pour inviter le spectateur, l’auditeur ou le participant à l’appréhender en tant qu’ «œuvre d’arbre» honorant ainsi l’être vivant émetteur de vie qui est coupé pour son bois, transformé en papier et en carton. Il s’agit de lui don – ner une nouvelle vie afin de réoxygener le monde. Les Xo[beat]box se regroupent ainsi en peuples qui chantent en chœur le même beat quand elles sont de la même souche. Les peuples sont des arbres et les arbres des peuples, ils fleurissent à la belle saison et de florescence en floraison la lignée s’accomplit. « Si yonn sé tout, tout sé yonn, gadé nou pé viv ansanm pas o fon nou tout ka sanm ».

Je fais aussi de la peinture, de la sculpture, du collage et surtout de la musique afin de faire vivre mon art dans sa totalité et partager cette vision multidimensionnelle. Ma musique est une expression de mon corps, de mon être, en compositions vocales, en combinaisons, emprunts et arrangements de sons multiples, soigneusement sélectionnés au gré de mes émotions et de mes intuitions créatives. Mon art prend forme par le biais d’une technique qui consiste à récupérer et à marier plusieurs sources musicales, échantillons et enregistrements live afin de recréer mon propre univers. Le résultat est un style qui fusionne le mo – derne et le traditionnel a travers des influences urbaines (hip-hop, Afro beat, électropical, jazz, classique, lounge, world) par le pouvoir des rythmes et des sons. La musique est pour moi l’expression sonore de liberté, d’émotions, d’intensité de couleurs, de lignes, de courbes, de varia – tions en représentations abstraites.

Mon empreinte est en perpétuelle évolution, le but pour moi n’étant pas de maitriser une technique mais de dépasser le mental afin de reconnecter la source et ainsi être un canal contribuant à l’élévation de la fréquence vibratoire de la planète.

© Egzotéric Charles
Avec la courtoisie de l’Artiste

Asakan : Quelles sont vos inspirations artistiques, vos influences ? Les thèmes et émotions que vous essayez de transcrire dans vos œuvres ?

L’Artiste : Mes inspirations sont mon environnement, la nature, ma famille, les planètes, tous les artistes dont l’œuvre me plait (la liste est trop longue), mon intuition. Il y a du bon dans tout. Je suis la somme de toutes mes expériences, mon art l’excrément de tout ce que j’ingère.

Asakan : Quel est le regard porté sur votre travail par le public ? Par le milieu artistique ?

L’Artiste : Je ne peux pas prétendre savoir quel est le regard porté sur mon œuvre par le public, ni par les acteurs du milieu, il faudrait questionner les concernés afin d’en avoir une idée plus précise.

Asakan : Quels conseils aimeriez-vous transmettre à d’autres jeunes désireux de se lancer dans l’art?

L’Artiste : « Maché pou ayen, pa sizé pou ayen », ce qui veut dire : « marche pour rien, ne t’assoies pas sans raison ». C’est l’idée de faire les choses avec le cœur et tout ce qui doit arriver, arrivera. Je leur dirai aussi de bien respirer et de ne pas oublier de s’hydrater.

Pour plus d’informations sur le travail d’Eric Charles, dit Egzo,