Dakar, 2 octobre 2023.
S’il ait un enseignement à tirer ou à rappeler après ce week-end qui, a connu, à Dakar, l’inauguration de deux évènements labellisés « BIENALSUR », c’est effectivement cette phrase qu’a fait résonner au Québec, en octobre 1963, André Malraux, alors ministre d’Etat français en charges des affaires culturelles : « la culture est l’héritage de la noblesse du monde. La seule force que nous avons en face de l’élément de la nuit ».

Portée, en effet, depuis 2015 par l’Universidad Nacional de Tres de Febrero (UNTREF) en Argentine, la BIENALSUR, malgré sa fondation dans un milieu lusophone de l’autre partie du monde, a essaimé dans le monde entier et représente aujourd’hui un modèle de pluralisme artistique, culturel et linguistique au-delà d’être une vaste initiative visant à démocratiser l’accès à l’art, à la culture et à la pensée contemporaine.
De quoi être optimiste dans un monde où les différences, les particularismes, les nationalismes et les murs aux frontières ont de plus en plus le vent en poupe, dopés par « un petit groupe de mondialistes dénués de la plus petite humanité, des gens qui font le commerce des pires horreurs, y compris, de la mort, en toute légalité ». Mais tant que ce n’est pas eux ou leurs proches qui meurent, la vie est belle, pourrait-on dire.
Et c’est ce que conteste cette biennale en réunissant à l’échelle planétaire des artistes, des commissaires d’expositions, des universitaires, des collectionneurs, des amateurs d’art qui, à travers des projets inédits et originaux dans chaque ville de la biennale, rappelle à quel point éliminer, aujourd’hui, les distances et les frontières dans le monde, accepter la diversité dans la singularité sont, plus que jamais, essentiels pour la survie de l’humanité.
Observer dans ce sens le monde qui s’est déplacé de l’Institut Cervantes à la Place du Souvenir Africain dans la journée du samedi 30 septembre 2023, retrouver un monde encore plus nombreux dans la soirée de ce même jour à la Galerie Le Manège de l’Institut français du Sénégal à Dakar, est ainsi plein de symboles et d’espoirs que l’art, à défaut de changer la face de la terre, pourra contribuer véritablement à un mieux vivre ensemble entre les hommes sans exception aucune et répondre aux enjeux sociétaux actuels, comme celui des effets du réchauffement climatique ou de la lutte contre les inégalités, pour tant soit peu que l’art ne reste pas élitiste ou à la connaissance des seuls sachants.
« Auquel cas, comme le pressentait déjà le romancier réputé et prix Goncourt 1933, ce par quoi l’homme est homme, peut parfaitement disparaitre ou s’amenuiser de telle façon que la civilisation change de nature ».
Bonne quinzaine de découvertes de l’art en notre compagnie et excellent mois d’octobre à toutes et à tous.
Olaréwadjou Elvis LALEYE
Le Directeur de publication.