Coup de Cœur avec l’Artiste Peintre Sous-Verre Béninois Leonel Zadji

Pour le deuxième article de cette rubrique depuis notre grand retour, asakan vous invite aujourd’hui à une rencontre avec le peintre béninois Leonel Zadji alias Nel Tachart. Autodidacte, le jeune artiste explore le dialogue entre tradition et modernité à travers la technique singulière de la peinture et du recyclage sur verre transparent.

Il est notre Coup de Cœur.


Leonel Zadji
Crédit Photo: Nel Tachart

Asakan : Pour commencer notre entretien, pouvez-vous vous présenter ?

L’Artiste : Je m’appelle Leonel ZADJI, je suis un artiste plasticien. Mon médium, c’est le verre. Je fais de la peinture sous verre, c’est-à-dire que je peins sur le verre de manière inversée, et je fais également de la récupération sur du verre. Je suis passionné par la création et l’innovation, et je cherche à travers mon art à inspirer et à provoquer des réflexions chez les spectateurs.


Asakan : Quelle définition faites-vous de l’art ? Comment percevez-vous l’art contemporain ?

Leonel : L’art est une forme d’expression, c’est un langage, une forme de communication. L’art contemporain est une plateforme pour explorer les questions actuelles. C’est un système où l’on prend des risques et où l’artiste repousse les limites de la créativité. C’est donc pour moi un espace de liberté et d’expérimentation.


Asakan : Quand avez-vous su que vous consacreriez votre vie à l’art ?

Leonel : J’ai grandi dans un univers artistique, puisque mon père est l’artiste Jules ZADJI. A ses côtés, depuis tout petit, j’ai été fasciné par l’art et la créativité. J’ai passé mon temps à bricoler et à aider mon père dans ses créations. Comme il encadrait ses œuvres sous verre, il arrivait que les verres se cassent, et c’est ainsi que le lien avec le verre a été créé. Étant autodidacte, j’ai appris à communiquer et à découvrir le verre. Mais c’est vraiment lors de mes études supérieures en génie civil que j’ai compris que je voulais consacrer ma vie à la création artistique.

Je n’avais pas de formation académique aux Beaux-Arts, seulement un instinct, une envie forte de créer, et peut-on dire un héritage génétique dominant. Puis, dans le contexte difficile où vivaient mes parents, il me fallait me débrouiller, trouver un moyen d’exister, de résister, de transformer les contraintes en lumière.

Petit à petit, cette nécessité est devenue une passion, puis un langage. Aujourd’hui, peindre sous verre, pour moi, c’est renverser le regard : apprendre à voir autrement, à travers les reflets, les fissures, les transparences. C’est une manière de dire que, même dans la fragilité, quelque chose persiste et brille.


Asakan : En tant qu’artiste, comment décririez-vous votre art ? Comment êtes-vous parvenu à la finalisation de votre empreinte ?

Leonel : Je pratique la peinture sous verre, une technique que j’aime appeler “miroir du monde”. Elle consiste à peindre à l’envers, directement sur une plaque de verre : chaque geste demande donc anticipation, précision et patience.

J’y associe parfois le collage, la superposition de fragments, ou encore l’intégration d’éléments trouvés — des papiers, des tissus, des traces du quotidien — que je fixe sur le verre pour créer des effets de profondeur et de transparence.

Cette approche me permet de jouer avec la lumière, de faire dialoguer l’opacité et la clarté, l’intérieur et l’extérieur, le visible et l’invisible. Le verre devient alors une peau, une surface fragile où se reflètent nos vies et nos émotions.

J’utilise principalement la peinture acrylique, mais aussi la peinture auto-base, dont la brillance et la texture m’offrent des contrastes intéressants. Parfois, j’expérimente avec d’autres médiums selon l’intuition du moment — sable, feuille d’aluminium, pigments récupérés ou teintes naturelles. Chaque matériau apporte sa propre mémoire, sa vibration. Et je peux assurer que je continue d’apprendre du verre.


Leonel Zadji, « Agonyo », 2025.
Peinture acrylique sous verre clair, 30 x 30cm
Courtesy de l’Artiste
Leonel Zadji, « Le Lien Sacré », 2025.
Peinture acrylique sous verre clair, 90 x 90cm
Courtesy de l’Artiste
Leonel Zadji, « Les Dignitaires En Chasse », 2025.
Peinture acrylique sous verre clair, 80 x 80cm
Courtesy de l’Artiste

Asakan : Quelles sont vos inspirations artistiques, vos influences ? Les thèmes et émotions que vous essayez de transcrire dans vos œuvres ?

Leonel : Je suis inspiré par de nombreux artistes et mouvements artistiques, notamment l’expressionnisme abstrait et le surréalisme. Je suis également influencé par la nature et la musique.

Dans mes œuvres, je cherche à explorer des thèmes tels que l’identité, la mémoire et la famille. Je veux surtout créer des œuvres qui sont universelles et qui peuvent être inspirantes pour tout le monde.


Leonel Zadji, « Hommage aux défunts », 2025.
Peinture acrylique sous verre clair, 60 x 60cm
Courtesy de l’Artiste
Leonel Zadji, « Salou Tô », 2025.
Peinture acrylique sous verre clair, 120 x 80cm
Courtesy de l’Artiste
Leonel Zadji, « Tassinon », 2025.
Peinture acrylique sous verre clair, 70 x 90cm
Courtesy de l’Artiste
Leonel Zadji, « Sato Gbɛ́ », 2025.
Peinture acrylique sous verre clair, 60 x 60cm
Courtesy de l’Artiste

Asakan : Quel est le regard porté sur votre travail par le public ? Par le milieu artistique ?

Leonel : Je suis heureux de constater que mon travail est bien reçu par le public et par le milieu artistique. Les gens semblent apprécier la profondeur et la complexité de mes œuvres. La fragilité du verre n’a vraiment jamais été un problème.


Asakan : Quels conseils aimeriez-vous transmettre à d’autres jeunes désireux de se lancer dans l’art ?

Leonel : Je leur dirais de suivre leur passion, de ne pas avoir peur, de rêver, rêver grand, de travailler et d’oser.

Pour plus d’informations sur le travail de Leonel ZADJI,

La Rédaction.

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