Au Sénégal, la critique d’art vue comme catalyseur de la place de la femme dans l’art en Afrique francophone

L’actualité de cette quinzaine sur la scène artistique africaine sur le continent reste dominée par le colloque organisé par l’Association Internationale des Critiques d’art (AICA), en collaboration avec l’Association Sénégalaise des Critiques d’art (ASCA) sous le thème « Jigéen ni ci « art » bi ci Afirig giy lakk faranse » qu’on peut traduire en français par « Les femmes et l’art en Afrique francophone ». Les réflexions, qui ont eu lieu les 12 et 13 octobre, entre le Musée des Civilisations, le Musée Théodore Monod et en ligne, ont demandé l’intervention d’artistes, de critiques d’art, de commissaires d’exposition, de galeristes et de directeurs de musées et de centres d’art venus du Burkina-Faso, du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, de France, du Mali, et bien évidemment, du Sénégal.

Vue du présidium lors de l’ouverture du Colloque au Musée des Civilisations Noires

Dans son histoire, il y a longtemps que l’ASCA a accueilli un tel évènement. D’une part, parce que l’association était encore jusqu’à peu dans une profonde léthargie et d’autre part, parce que les critiques d’art ne se bousculent pas au portillon. Il en existe, en effet, très peu sur le continent qui ont la vocation, l’aptitude et la capacité d’exercer pleinement en tant que critique d’art pour la simple raison que cette profession ne nourrit pas son homme comme sous d’autres cieux. Mais qu’à cela ne tienne, le critique d’art a une place primordiale dans la chaine de l’art en Afrique.

Si c’est effectivement l’artiste qui produit l’œuvre, c’est le critique d’art qui donne ou pas à l’œuvre sa constance, sa valeur à partir d’analyses rigoureuses.  Vivant et travaillant au tout près de l’artiste, son opinion immédiate fait office de référence a contrario de l’historien de l’art qui est dans une appréciation distanciée.

La critique n’est pas pour autant purement positive ou forcément négative. D’ailleurs, le but de toute critique, c’est dire les choses telles qu’elles sont et non telles qu’on aimerait qu’elles soient. En cela, être critique d’art, c’est prendre le risque de mécontenter l’artiste ou l’organisateur d’un évènement d’art. N’empêche, ont convenu tous les intervenants à ce colloque, la critique d’art quand elle est bien faite, elle fait rayonner l’œuvre d’art, l’exposition ou l’évènement d’art.

Ce n’est donc pas un hasard si l’assemblée a trouvé que plus il y en aura de critiques d’art, plus ces critiques d’art écriront sur les artistes femmes africaines de l’ère francophone et plus les œuvres de ces femmes artistes conquerront le cœur du public ainsi que celui des amateurs et collectionneurs d’art africain contemporain.

Invitation, donc, a été faite aux artistes, commissaires d’expositions, galeristes de se rapprocher davantage des critiques d’art pour élever la qualité de leurs œuvres, expositions et évènements.

Seulement, pour que le critique d’art soit en mesure de produire le résultat qu’on attend de lui, il faut qu’il se forme et parfois s’auto-forme, qu’il se cultive sans cesse, qu’il puisse tel un pèlerin visité et revisité les ateliers d’art, les galeries, les musées et centres d’art de même que les évènements artistiques, qu’il puisse être bien rémunéré, qu’il puisse avoir l’opportunité de suivre des ateliers de formation, des colloques où, au contact de ses pairs de la profession, il aiguise son regard et sa plume.

Tout un programme sur lequel devraient se pencher les Etats africains francophones qui sont soucieux de développer leurs arts et cultures.

Olaréwadjou Elvis LALEYE.

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