Depuis une vingtaine d’années, il s’est imposé comme l’un des artistes plasticiens togolais les plus importants. Touchant à différentes formes d’expressions artistiques, son écriture est guidée par la quête d’unité entre le visible, l’invisible et l’intériorité autour de thématiques fortes comme la nature humaine, les femmes, les enfants, les mystères de la vie, les mythes spirituels et ancestraux, l’esclavage.
Coup de cœur.

Asakan : Pour commencer notre entretien, voulez –vous vous présenter ?
L’Artiste : Je suis peintre-sculpteur et animateur spécialisé. Très tôt, je suis pris de passion pour la création artistique, allant de rencontres en recherches esthétiques pour finir par trouver ma voie dans une démarche quasi personnelle oscillant entre enracinement et rayonnement. Franco-Togolais, je suis marié et père de deux enfants.
Asakan : Quelle définition faites-vous de l’art? Et comment percevez-vous l’art contemporain ?
L’Artiste : L’art est un moyen d’expression par transposition qui permet de dire ses sentiments les plus profonds pour émouvoir l’esprit. Il peut révéler ce qui est caché, produire du beau et acquiert une dimension en étant un questionnement.
L’art contemporain est pour moi un art à part entière qui tend à devenir un art entièrement à part et ceci à cause du diktat d’un marché devenu maître du jeu. Il y a toutefois dans cet univers implacable de l’art contemporain, des esprits créateurs qui gardent une profondeur avec leur singularité.


Asakan : Quand avez-vous su que vous consacreriez votre vie à l’art ?
L’Artiste : J’ai su que je consacrerais ma vie à l’art très jeune déjà en cherchant les opportunités auprès des grands artistes, ici et là, tout en attendant mon heure.
Asakan : En tant qu’artiste, comment vous définiriez-vous ? Comment êtes-vous parvenu à la finalisation de votre empreinte ?
L’Artiste : En tant qu’artiste je me définirais comme un révélateur de choses, un objecteur de consciences tenté de bousculer les formes conventionnelles figées mais surtout une personne en quête d’harmonie. Je voudrais consacrer à l’art, son caractère « souverain ».
Pour finaliser mon empreinte artistique, des années de recherches ont été nécessaires. Entre les confrontations heureuses de mon travail avec ceux des autres artistes et la volonté de pousser la qualité esthétique à son sommet sans oublier le sacré, je suis parvenu à une unité mais que j’interroge encore à chaque acte artistique.
Asakan : Quelles sont vos inspirations artistiques, vos influences ? Les thèmes et émotions que vous essayez de transcrire dans vos œuvres ?
L’Artiste : Aujourd’hui, les émotions les plus stimulantes pour moi résident dans la transmission de mon art et des valeurs aux jeunes générations et aux autres. Voir la création jaillir d’un(e) apprenant(e) sous mes modestes contributions est probablement la chose qui me comble le plus.
Au-delà du travail de transmission des valeurs aux jeunes générations qui m’est cher, il me semble qu’avec le temps, mes sources d’inspirations soient réduites à un réservoir interne en macérations de multiples sujets qui sont en interactions entre eux. De ce fait, les choses, les événements externes ou influences diverses ont de moins en moins de prises directes sur mon psychisme car, je ne sais par quel mécanisme, ils sont intégrés, mis de côté dans ce réservoir intérieur bouillonnant de mille matériaux. Ce caractère nouveau qui guide ma dynamique interne est la conséquence de notre monde devenu incertain et qui exige de nous une sorte d’éveil de l’esprit.
En situation de créations, les échos et remous provoqués en moi me donnent une direction à prendre à travers mes concepts et choix esthétiques. C’est alors que mes créations devenues volontairement de moins en moins prolifiques, mais d’une grande profondeur et me donnent un sentiment de réelle plénitude.


Asakan : Quel est le regard porté sur votre travail par le public ? Par le milieu artistique ?
L’Artiste : Sans nul doute que les regards du public sont mitigés sur mes œuvres. Mon travail sur la préservation du patrimoine culturel africain n’offre pas la même appréhension que celui d’interroger la société et notre temps présent. Quant aux artistes, y compris certains de nos « grands », j’ai le sentiment d’un respect mutuel et d’une fraternité réelle avec ceux et celles que j’aime.
Asakan : Quels conseils aimeriez-vous transmettre à d’autres jeunes désireux de se lancer dans l’art?
L’Artiste : Je leur dirai que les temps changent, le monde évolue avec des mutations profondes et l’Art aussi avec de nouveaux concepts, les cultures, des médiums et médias, les réseaux sociaux, l’intelligence artificielle etc… Il est important d’en prendre conscience à travers des recherches personnelles pour définir son propre positionnement au regard des dimensions économiques, politiques et spirituelles qui y sont nécessairement imbriquées et que l’on ignore toujours à ses débuts. Le jeune créateur doit apprendre à être patient et ne pas avoir peur d’expérimenter des choix esthétiques nouveaux, trouver son chemin dans la singularité tout en élaborant des œuvres originales sous forme de produits finis, explorer le monde et enrichir continuellement son univers artistique.
Accepter aussi des confrontations heureuses avec ses pères dans l’humilité des grands le feront grandir et acquérir une grande maturité.
Quant au reste, je crois qu’il y a une part de destin à chacun(e) qu’il faut savoir accepter; l’artiste, c’est celui ou celle qui est habité par une âme de créateur et qui sait la traduire par un acte artistique.
Pour plus d’informations sur le travail de Yao Metsoko,
- Son compte Instagram.
La Rédaction.
Article publié pour la première fois sur le Facebook d’Asakan en décembre 2020 et actualisé en août 2025.